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- Lutte ouvrière n°2129
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Leur société
Contre la violence à l'école : Les gadgets sécuritaires ne servent à rien
Après l'agression contre une enseignante poignardée par un de ses élèves dans un collège de la région toulousaine, le ministre de l'Éducation nationale a avancé l'idée que les établissements scolaires soient équipés à l'entrée d'un détecteur de métaux. En fait, beaucoup d'établissements scolaires possèdent déjà des caméras de surveillance, qui filment surtout... les cagoules des petits voyous qui pénètrent en force pour en découdre ; à quand la fouille au corps dès la maternelle ?
Ce genre de gadgets, payés sur des crédits déjà insuffisants pour acheter le matériel scolaire indispensable, servent sans doute à alimenter les caisses des industriels qui les fabriquent, mais ils ne règlent pas le problème de la violence à l'école, qu'elle soit le fait de bandes extérieures ou d'élèves fragiles et déséquilibrés.
Le milieu scolaire n'est pas un havre de paix coupé du monde extérieur, il reflète les tares de cette société. Et quand le seul avenir qu'elle offre aux jeunes, même lorsqu'ils sont diplômés, est le chômage ou un emploi au rabais, il en résulte pour les plus faibles que l'école ne sert à rien, que la « débrouille » est préférable aux connaissances. Dans ces conditions, la moindre contrariété, la plus petite manifestation d'autorité de la part d'un adulte peut déboucher sur une explosion, le plus souvent verbale heureusement, même s'il est pénible de se faire insulter parce qu'on veut faire correctement son métier.
À cela s'ajoutent les campagnes de dénigrement contre les enseignants, servant de prétexte pour justifier les suppressions de postes. Selon Darcos, qui continue sur la lancée de ses prédécesseurs, les professeurs seraient trop nombreux, beaucoup se réfugieraient dans des planques afin ne pas être au contact des élèves. Quand les enseignants refusent une surcharge de travail, il les considère comme des fainéants qui ne veulent pas s'investir auprès des élèves, etc.
Aux collègues de l'enseignante poignardée qui demandaient plus de moyens humains, Darcos a opposé un refus catégorique, affirmant qu'au contraire il poursuivrait sa politique de suppression de postes. La présence de plus d'adultes dans les écoles ne pourrait évidemment pas résoudre tous les problèmes de violence en milieu scolaire, mais cela diminuerait au moins les tensions qui se multiplient et peuvent dégénérer à tout moment.
Les enseignants ont trop d'élèves par classe, surtout dans les quartiers dits « difficiles », trop de tâches administratives exigées par le ministère, pour pouvoir détecter vite les élèves qui posent problème et qui décrochent. Il n'y a pas assez de surveillants dans les couloirs pour empêcher les comportements violents ou les dégradations de matériel ; pas assez non plus d'infirmières à temps plein (quand il y en a !) pour repérer et suivre les élèves fragiles ou carrément déséquilibrés. Quant aux conseillers d'orientation et aux assistants sociaux, ils n'ont au mieux que quelques heures par semaine à consacrer à plusieurs centaines d'élèves ; il leur est impossible de les connaître et de les aider.
Il est urgent d'arrêter l'hémorragie de personnel dans les établissements scolaires.