Centrale de Cattenom (Moselle) : Trois semaines de mobilisation face à une direction qui ne veut rien entendre20/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2129.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centrale de Cattenom (Moselle) : Trois semaines de mobilisation face à une direction qui ne veut rien entendre

Mardi 19 mai, 150 travailleurs étaient rassemblés devant la porte de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle (1 200 salariés) dans le cadre du mouvement national sur les salaires.

L'intersyndicale revendique 5 % d'augmentation du salaire de base ainsi qu'une prime de 1 500 euros. Le mécontentement est profond et général et les propositions de la direction, 0,3 % d'augmentation, sont considérées comme une provocation en comparaison avec l'augmentation promise par le comité de rémunérations du groupe EDF à son PDG, Gadonneix, qui s'élève à 25 %. C'est sûr qu'avec un fixe de 760 000 euros tout le monde se demandait comment il pouvait bien réussir à joindre les deux bouts !

Le mouvement dure depuis près de quatre semaines, ponctué par des journées d'action, des assemblées, des barrages filtrants et des débrayages, avec une participation entre 20 et 40 % du personnel. La direction de la centrale a une attitude agressive, envoyant huissier sur huissier à la porte lors des barrages filtrants, qui gênent considérablement les travaux actuellement en cours à la centrale avec plus d'un millier de travailleurs sous-traitants.

Jeudi 14 mai, les grévistes sont tombés sur un PV d'huissier comportant une vingtaine de noms, syndicalistes ou pas, que la direction s'apprêtait à mettre en référé au tribunal pour ces barrages. Aussitôt, 200 salariés ont occupé la coursive centrale et le seul réacteur en route a vu sa production s'effondrer des trois quarts. Les grévistes ont demandé à la direction de retirer le PV, d'abandonner les poursuites, une lettre d'excuse à tous ceux cités dans le courrier d'huissier et un dédommagement pour préjudice moral.

Le directeur est venu en personne le lendemain pour s'excuser publiquement, après s'être fait copieusement huer par les salariés. Il a également envoyé des excuses écrites à chacun. Vendredi 15 au matin, 130 salariés ont rendu leur habilitation au travail dans le nucléaire. En effet, pour travailler dans une centrale, il faut un titre d'habilitation ; mais les agents estiment que, la direction organisant la délation à leur égard, ils n'étaient plus en mesure de travailler en confiance et en sécurité et ont utilisé leur droit de retrait.

À l'heure où nous écrivons, face à une direction qui ne veut rien lâcher, la mobilisation continue sous la menace d'une intervention judiciaire.

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