- Accueil
- Lutte ouvrière n°2127
- Universités : La contestation continue
Leur société
Universités : La contestation continue
La contestation universitaire est entrée dans sa quatorzième semaine. Toutes les universités ne sont pas touchées, mais plusieurs dizaines le sont de différentes manières, et plus de vingt d'entre elles sont toujours largement en grève.
Il est manifeste que la tentative de passage en force du gouvernement à la faveur des congés de printemps a échoué. Rappelons que le 23 avril, alors que la plupart des universités étaient en vacances, le gouvernement avait fait adopter en Conseil des ministres plusieurs des décrets contestés. Son objectif était clair : assommer ainsi un mouvement de grève déjà ancien et qui donnait des signes d'essoufflement. Patatras ! La plupart des universités qui étaient en grève avant les vacances l'ont revotée à la rentrée. Et lors des manifestations du 1er mai, les cortèges des universités étaient fournis.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a alors entamé le couplet de la menace que les enseignants-chercheurs feraient peser, par la poursuite de leur mouvement, sur la bonne tenue des examens. Il ne faudrait pas « brader » les diplômes ni « sacrifier l'année des étudiants », a-t-on entendu à tout-va. Cela a de quoi faire sourire quand on connaît la situation actuelle des universités : les taux d'échec sont très élevés en premier cycle, atteignant plus d'un tiers en lettres et sciences humaines. Les établissements, sous-financés, sont parfois au bord de la misère. Ainsi, il y a quelques années, l'université d'Orsay avait dû fermer ses portes pendant deux semaines pour économiser sur sa facture d'eau et de chauffage. Les personnels non enseignants connaissent la précarité et les bas salaires : c'est le cas de 20 à 25 % des Biatoss. Bref, l'empathie de la ministre avec les étudiants est particulièrement hypocrite !
Une autre « réforme » est d'ailleurs dans les cartons du gouvernement : elle consistera à autoriser les universités à sélectionner leurs étudiants et à augmenter les droits d'inscription. Ceux-ci restent bas en France en comparaison d'autres pays, et la majorité actuelle rêve depuis longtemps de permettre aux universités de les élever, favorisant ainsi le désengagement de l'État du service public d'enseignement supérieur.
Bref, si Valérie Pécresse disait il y a quelques mois donner « des preuves d'amour tous les jours aux universités », elle est aujourd'hui passée aux larmes de crocodile ! Des larmes qui, manifestement, n'émeuvent pas beaucoup enseignants et étudiants grévistes.