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- Lutte ouvrière n°2127
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Leur société
Liste Dieudonné : Des idées nauséabondes, et une proposition qui ne l'est pas moins
Pour une fois que Dieudonné était relativement discret, c'est l'Elysée qui lui a fait sa publicité, par la bouche de son porte-parole. Claude Guéant a en effet proposé d'interdire, au nom de la lutte contre l'antisémitisme et l'incitation à la haine raciale, les listes aux élections européennes dont ce spécialiste de la provocation sera une des têtes de file.
Cette proposition, inquiétante car ouvrant la porte à l'arbitraire le plus total, n'est qu'une manoeuvre politicienne de la part du gouvernement, dont les mobiles peuvent aller de l'envie de faire plaisir aux électeurs pro-israéliens à celle de faire oublier sa politique sociale.
Ce n'est certes pas l'interdiction de ces listes qui pourra combattre efficacement les idées de Dieudonné. Cela dit, le programme des listes en question confirme bien son caractère profondément réactionnaire, même si, sur ce terrain, Dieudonné n'arrive pas à la cheville de politiciens d'extrême droite, de Le Pen à de Villiers, en passant par un certain nombre d'hommes politiques passés par le Front National et recasés dans la droite « officielle ».
Opposant à la candidate du FN, Marie-France Stirbois à Dreux en 1989, Dieudonné en 2006 a rencontré Le Pen et « sa main tendue aux Français d'origine étrangère » ! Conversion miraculeuse qui suivait un certain nombre de déconfitures électorales et d'effacement de la scène médiatique, sûrement insupportables pour cet histrion.
Aujourd'hui, Dieudonné annonce qu'il conduira en Ile-de-France une des listes impulsées par le Parti Antisioniste de France. Ce groupe se propose de « libérer l'État, le gouvernement et les médias de la mainmise sioniste » et de « redonner le pouvoir à la France et aux Français ». On voit que son « antisionisme » a des relents d'antisémitisme et emprunte au langage de l'extrême droite.
Il y a une logique dans la dérive de quelqu'un qui a invité à son dernier spectacle des négationnistes comme Faurisson et des leaders de groupes « catholiques, nationalistes et contre-révolutionnaires ». Sa candidature n'aura peut-être pas plus d'impact qu'un de ses spectacles et peut-être moins. Mais le public que visent ces listes, les jeunes beurs ou blacks ulcérés par le sort que leur fait la société, ceux que révolte la politique criminelle du gouvernement israélien envers les Palestiniens, tous ceux-là auraient bien tort de se laisser séduire par ce défenseur, même inconsistant, d'une politique fondamentalement hostile à leurs intérêts.