Carlos Ghosn : La crise, une bonne opportunité06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Carlos Ghosn : La crise, une bonne opportunité

Cité dans un article du quotidien économique britannique Financial Times, Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan voit la crise comme une opportunité de faire passer des mesures auparavant rejetées car jugées irréalistes.

« Nous pouvons faire des choses que nous n'aurions jamais pu faire il y a quelques années », reconnaît-il. « Une semaine de travail plus courte était impossible. De même, une réduction du salaire. L'Europe va devoir avancer, pour aider les gens et les entreprises ». Un tel « progrès » serait « on ne peut plus nécessaire en Europe et cette crise est en train d'y contribuer », ajoute-t-il.

Renault donne en effet l'impression de ne pas trop mal supporter la crise financière et économique. Assise sur ses 15 milliards de profits réalisés sur quelques années, l'entreprise a annoncé pour 2008 des bons résultats de ventes mais des bénéfices en baisse, se montant tout de même à 600 millions d'euros.

Elle en a profité pour réduire considérablement la prime d'intéressement versée aux salariés embauchés, les privant d'une somme correspondant à un mois et demi ou deux mois de salaire. De même, sous prétexte de « réduire la voilure par gros temps », le constructeur avait programmé 6 000 suppressions d'emplois dans le groupe et le plan Ghosn incitant un maximum de travailleurs hors production à prendre leur compte avant fin avril a donné quelques fruits... amers. À l'usine de Flins, par exemple, près de 400 salariés ont signé leur départ, la plupart pour fuir la pénibilité de l'usine et à défaut de plan de départ anticipé en retraite, comme il en existait il y a quelques années. Après la mise en fin de contrat de plusieurs centaines d'intérimaires, pour lesquels retrouver du travail dans une région où l'automobile licencie s'avère mission impossible, ces suppressions d'emplois supplémentaires font clairement porter à la population ouvrière le poids de la crise. À quoi et à qui a servi d'ailleurs l'aide de trois milliards reçue de l'État ?

Les dirigeants de Renault n'ont pas hésité, fin 2008 et début 2009, à user et abuser du chômage partiel dans les usines de production, où les ouvriers n'ont travaillé que quelques jours en décembre et janvier, le patron puisant pour cela dans les congés.

Le salaire, indépendamment même de la perte des 9/10èmes de la prime d'intéressement, a été quasiment bloqué ; l'augmentation générale annoncée en février dernier se résume d'ailleurs à... 0 %. Il ne reste que d'éventuelles augmentations individuelles ou autres « blocs de compétence », accordés au compte-gouttes. Pas de quoi évidemment rattraper le retard du pouvoir d'achat qui se monte à au moins 200 ou 300 euros par mois.

Mais puisque les actionnaires sont contents, et il y a de quoi, le versement d'un milliard d'euros de dividendes leur ayant été promis cette année, Ghosn est satisfait.

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