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- Lutte ouvrière n°2126
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Editorial
Tous aux manifestations du 1er Mai !
Qui se souvient aujourd'hui que le 1er Mai commémore une manifestation ouvrière noyée dans le sang à Chicago en 1886 et que son histoire ici même, en France, est marquée par une fusillade contre les travailleurs à Fourmies en 1891 ? C'est dire que le 1er Mai était à ses origines une journée de lutte pour les travailleurs. Elle l'est restée pendant longtemps, même en France où, pour manifester, il fallait se mettre en grève, braver la répression patronale et la mobilisation policière.
Aujourd'hui, le 1er Mai est une fête officielle. Ironie de l'histoire : c'est un des régimes les plus réactionnaires que la France ait jamais connus, celui de Pétain, qui a transformé cette journée de lutte des travailleurs en « fête du travail ». Et, depuis, elle est restée un jour férié, chômé, payé.
Cela fait bien longtemps qu'ici, en France, les défilés traditionnels du 1er Mai n'inquiétaient plus le patronat et le gouvernement. En en faisant un jour férié chômé payé, la bourgeoisie a fait une concession qui ne lui coûte pas cher.
Pour la première fois, toutes les organisations syndicales se sont mises d'accord pour appeler à manifester ensemble. Elles ont choisi cette journée précisément parce que c'est un jour férié et qu'il n'est pas nécessaire d'être en grève pour manifester. Ce choix implique que, contrairement au 29 janvier et au 19 mars, il n'est pas possible de décompter le nombre de grévistes.
Les manifestations peuvent cependant exprimer que la colère monte parmi les salariés, mais à condition que le nombre de participants soit inhabituellement élevé et qu'ils viennent de tous les secteurs du monde du travail. Et il y a de quoi !
L'offensive du patronat contre les travailleurs devient de plus en plus violente. De Continental à Caterpillar, en passant par Molex ou Pinault-Printemps-Redoute, des entreprises puissantes et riches annoncent des plans sociaux entraînant des centaines de licenciements, quand ce n'est pas la fermeture complète d'une usine.
Et, lorsque les travailleurs se défendent contre cette violence inouïe que constituent les licenciements collectifs, dans une période où les licenciés n'ont pratiquement aucune chance de retrouver du travail et sont donc poussés vers la pauvreté, le patronat fait donner les tribunaux qui condamnent systématiquement les travailleurs qui se défendent. Et les porte-voix officiels ou officieux du grand patronat, à la tête des ministères comme dans les médias, de hurler à l'unisson contre l'illégalité des actions des travailleurs !
Mais où sont les lois que les travailleurs pourraient invoquer pour empêcher leur patron de les jeter à la rue, quand bien même l'entreprise fait assez de profit pour garder tout le monde ? Toutes les lois sont faites pour protéger les patrons qui licencient, et aucune pour permettre aux victimes des licenciements de les empêcher ! Les travailleurs attaqués avec l'aide des tribunaux doivent avoir la solidarité de tous les travailleurs.
Parallèlement aux attaques contre l'emploi, il y a toutes les attaques contre le pouvoir d'achat, ne serait-ce que par le biais du chômage partiel. Et les travailleurs de Toyota ont eu mille fois raison de se mettre en grève pour que le chômage partiel soit entièrement indemnisé.
Les travailleurs ne sont pour rien dans les fluctuations de l'économie capitaliste. S'il faut compenser les baisses des ventes, c'est sur le profit présent ou passé qu'il faut prélever l'argent.
C'est contre tout cela qu'il faut protester le 1er Mai. Les actions des grévistes des entreprises qui se battent le dos au mur sont approuvées par le monde du travail. C'est plus qu'une question de solidarité : chaque salarié sait qu'il peut se retrouver demain ou après-demain dans la situation de ses camarades de Continental, de Toyota ou de Caterpillar. Tous les travailleurs sont dans la même galère. Tous ont le patronat et le gouvernement contre eux. Le 1er Mai constitue une occasion de montrer l'unité du monde du travail autour des mêmes exigences contre les licenciements et pour des salaires corrects. Alors, montrons-la !
Cela ne suffira pas pour faire reculer le patronat et la bourgeoisie. Cela exprimera au moins que la colère monte. Les discours et les promesses vides ne suffiront pas à l'arrêter.
Arlette LAGUILLER
À PARIS, le cortège du 1er Mai démarrera de la place Denfert-Rochereau à 14 heures. Lutte Ouvrière donne rendez-vous à tous ses camarades et amis au RER Port-Royal à partir de 13 heures.