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- Lutte ouvrière n°2126
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Dans les entreprises
Molex et Labinal - Villemur-sur-Tarn (région toulousaine) : Ensemble contre les actionnaires
À deux reprises, les 600 travailleurs de Labinal et les 300 de Molex se sont retrouvés ensemble : pour soutenir les grévistes de Molex et contre l'envoi de vigiles aux portes de l'usine qui regroupe les deux établissements.
Chez Molex, après la fin des 26 heures de discussion contrainte avec les deux représentants de la direction, imposée par la « justice », les discussions ont repris à la préfecture, alors que le patron envoyait des vigiles pour fermer l'accès du site aux travailleurs de Molex... pour calmer les esprits. Dans la même veine, les deux directeurs envisagent de porter plainte, tandis que leur interview au Parisien évoquait « le niveau intellectuel de certains salariés » manipulés « de l'extérieur » par « la CGT et des éléments radicaux déconnectés de la réalité économique ». Quoi d'étonnant après ces calomnies que les revendications des syndicats aient été jugés « surréalistes ». Il s'agit notamment des 100 millions d'euros d'indemnités demandés par les syndicats pour le préjudice causé aux salariés par la fabrication d'outils en double et de stocks aux États-Unis.
Lundi 27 avril, après la reprise du travail, les ouvriers de Molex ont été informés par les syndicats que leur patron avait une proposition à faire : il souhaitait que le travail reprenne au moins à 95 % de la production avec zéro défaut, pour satisfaire les commandes en cours, avec une prime hebdomadaire de 375 euros... en attendant la fermeture prévue en juin.
Les syndicats semblaient vouloir accepter ce marchandage par « sens des responsabilités », disait le représentant de l'intersyndicale, avec des accents du genre : « On n'est pas des jusqu'au-boutistes », « Il faut préserver l'avenir du site et sauvegarder l'outil de travail. » L'assemblée générale a été houleuse, devant ce que certains considèrent à juste titre comme un marché de dupes. Mais les syndicats n'ont organisé ni débat, ni vote. Le travail a repris mollement, très loin des 95 % souhaités par la direction.
Les jusqu'au-boutistes, ce sont les patrons licencieurs. En revanche la lutte, la mobilisation, la grève, la solidarité des autres travailleurs, ce sont les seules armes pour gagner.
Dans le trust Labinal, les mauvaises nouvelles commencent à pleuvoir. Dassault décide de rapatrier sa sous-traitance. De ce fait, l'emploi de 95 travailleurs de Canalab Mérignac ainsi que de 50 intérimaires est sur la sellette. Même scénario chez Labinal Vichy où la direction annonce une forte baisse de charge. Il est prévu des congés forcés, puis du chômage partiel. À Villemur, il n'y a pas encore de menace directe, mais les départs de fabrications continuent, et les intérimaires sont déjà en sursis.
À l'annonce de la fermeture de Molex, les patrons de Labinal se voulaient rassurants : pas d'inquiétude à avoir, disaient-ils, « Labinal ce ne sera pas Molex ». Maintenant, ils vont dire que Canalab Mérignac, ce n'est pas Labinal Villemur.
À Villemur, ceux de Labinal et de Molex sont encore un millier. C'est une force qui peut empêcher les patrons de faire passer à la trappe tout ou partie des travailleurs.