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- Lutte ouvrière n°2126
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Leur société
Injustice : Simple réprimande pour le juge Burgaud
Le Conseil supérieur de la magistrature a adressé au juge Burgaud, responsable de l'instruction de l'affaire de pédophilie d'Outreau, une simple « réprimande », assortie d'une inscription à son dossier professionnel. Une petite tape sur les doigts, pourrait-on dire, comme on réprimande un enfant qui aurait fait une bêtise. Pourtant, par la faute de ce juge et des autres magistrats qui ont servi à ses côtés durant cette affaire, 13 personnes étaient restées en prison à titre « préventif », entre un an et plus de trois ans, avant d'être innocentées en 2004 et 2005.
Tant de désinvolture est choquante. Comme l'a déclaré un avocat des accusés, « c'est oublier que des enfants ont été placés lorsque leurs parents étaient incarcérés, que des familles ont été broyées, des carrières professionnelles foutues, le suicide en prison d'un des accusés à tort, les brûlures à l'eau de Javel imposées par des co-détenus de Daniel Legrand père parce que celui-ci était un « pointeur », un violeur d'enfants, et les trois années qu'ont passées certains acquittés en prison ».
Un patron peut licencier sans indemnité un salarié ordinaire pour faute professionnelle, mais le juge d'instruction d'Outreau continue sa carrière à Paris où il est, paraît-il, bien noté par sa hiérarchie. Les autres magistrats impliqués dans le maintien d'innocents en prison n'ont pas été inquiétés et l'un d'eux a même fait partie de la commission de discipline chargé de se prononcer sur la sanction à donner au juge Burgaud !
L'affaire d'Outreau a été, selon Chirac, un « désastre judiciaire sans précédent ». Mais cela n'a pas remis en cause ce système, dans lequel les juges sont jugés par d'autres juges. Car la priorité est de préserver un corps judiciaire qui assure le maintien de l'ordre public au profit des puissants. La justice sait se montrer compréhensive quand il s'agit d'exonérer des patrons qui exposent sans scrupule leurs salariés à des dangers mortels, comme les responsables de l'usage de l'amiante, par exemple. Dans ce cas, les responsables patronaux ont continué à être présumés innocents, alors que les preuves étaient réunies depuis des décennies.
Les lois sont faites dans leur majorité en faveur des riches et des puissants, et elles sont appliquées par un corps de magistrats généralement prompts à faire la morale aux milieux populaires qu'ils méprisent, voire à envoyer en prison des gens qui leur apparaissent du coup comme des coupables tout désignés, sans l'ombre d'une preuve... et sans risques pour leur carrière personnelle.