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Leur société
Calais : La démagogie sur le dos des migrants
Deux jours après une rafle policière de 200 migrants, relâchés ensuite, Eric Besson - transfuge du PS et ministre de l'Immigration - est revenu jeudi 23 avril à Calais pour développer la campagne de Sarkozy sur la sécurité et l'immigration.
La principale mesure qu'il a annoncée est la fermeture « avant la fin de l'année » de la « jungle », cette zone de « non-droit » que la police doit, a-t-il dit, « reconquérir » !
En réalité, cette « jungle » où régnerait en maître « la loi des passeurs », n'est que des dunes couvertes d'une maigre broussaille, à proximité de la zone portuaire et industrielle où quelques centaines de migrants tentent de se réfugier pour dormir dans des abris de fortune. Chaque nationalité se regroupe, ne serait-ce que pour des raisons évidentes de langue. Et la police n'a pas besoin de « reconquérir » cette zone, elle y fait déjà régulièrement des incursions en détruisant les abris !
Quant à la population calaisienne, il n'est signalé ni agressivité, ni vols à son encontre, seule la vue de centaines de jeunes étrangers, errant dans les rues, mouillés ou transis de froid, fait mal au coeur. Besson a pu trouver un patron d'entreprise de transport qui se plaignait de l'agressivité des migrants... Comme c'est un des moyens de passage en Angleterre, il y a effectivement une forte pression pour monter dans les camions et s'y cacher !
En 2002, Sarkozy avait dit que le problème serait réglé en fermant le centre de la Croix-Rouge de Sangatte. En fait, il n'a été que déplacé dans les rues de Calais et dans la zone de friche portuaire.
La multiplication des rafles de migrants demandée par Besson pour fermer la « jungle » n'aura comme conséquence que de rendre leur vie encore plus précaire et de déplacer le problème de quelques kilomètres supplémentaires. Et cela fera sans doute monter encore le prix à payer aux passeurs. Pour arriver à Calais, les migrants qui fuient les guerres et la misère existant dans de nombreuses régions du Moyen-Orient et de l'Afrique ont déjà traversé tant d'épreuves que ce n'est pas aux portes de l'Angleterre qu'ils renonceront.
Quant aux demandes des associations d'aide aux migrants pour un local avec des douches et un toit pour distribuer les repas, Besson - qui se dit sensible aux questions humanitaires - étudie le problème, alors qu'il pourrait être réglé immédiatement.
250 migrants ont manifesté dans les rues pour protester contre l'aggravation des pressions policières et pour pouvoir se rendre librement en Angleterre, au nom du respect des droits de l'homme, droits reniés par les pays qui se disent pourtant démocratiques.