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- Lutte ouvrière n°2125
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Leur société
Prisons : Un mort tous les trois jours, une honte !
Selon elle il y a eu en prison depuis janvier 2009, un suicide ou une mort suspecte tous les trois jours. Relativement à la population carcérale, c'est sept fois plus qu'en milieu libre.
En 2007, l'administration pénitentiaire avait dû reconnaître le décès de 96 détenus. En 2008, ce chiffre était monté à 115, ce qui faisait de la France le pays d'Europe dans les prisons duquel il y avait le plus de morts, un bien triste record. Et encore fallait-il accepter le mode de calcul de l'administration pénitentiaire, qui refuse de considérer comme un suicide la mort d'un détenu hospitalisé après avoir absorbé des médicaments et qui décède donc hors de prison.
Cette situation n'est pas récente, même si elle devient catastrophique avec l'augmentation du nombre des décès. Pour faire mine de chercher des solutions, l'administration pénitentiaire et les ministres de la Justice ont demandé enquête sur enquête. Le dernier rapport en date vient d'être remis à Rachida Dati qui l'avait commandé en 2008... ou du moins une partie, puisque sa préface et ses conclusions ont été supprimées, ce qui a amené le refus de son rédacteur, le docteur Albrand, de participer à la remise officielle de ce rapport tronqué.
Ce rapport jugé trop sulfureux ne faisait pourtant que pointer du doigt ce qui est une évidence pour tout le monde, y compris l'administration pénitentiaire, à savoir la surpopulation dans les prisons françaises. Actuellement 63 750 détenus s'entassent dans des prisons où il n'y a que 51 000 places, ce qui fait en moyenne 125 détenus pour une centaine de places. À la prison de Fresnes le taux d'occupation est de plus de 150 % avec près de 2 200 prisonniers pour 1 400 places environ et dans d'autres prisons on dépasse le taux de 200 % ! On imagine comment cette promiscuité peut rendre la vie des détenus infernale, comme celle d'ailleurs des surveillants, en trop petit nombre et dont certains aussi craquent.
Ce n'est pas la politique sécuritaire de Rachida Dati, de ceux qui l'ont précédée et de celle ou celui qui va lui succéder d'ici peu qui améliorera le sort des prisonniers et la vie dans les prisons. Car entre les peines planchers, la mise en prison des mineurs et autres mesures répressives, on a assisté à une augmentation considérable du nombre de détenus, qui n'était encore, si on peut dire, que de 49 000 en 2001.
Le fruit d'une telle politique est qu'on continue à mourir dans les prisons françaises, où l'on entasse des milliers d'hommes et de femmes dans des conditions honteuses.