Il y a 65 ans, le 21 avril 1944, les femmes obtenaient enfin le droit de vote en France. Le général De Gaulle, chef du gouvernement provisoire installé à Alger, signait un décret leur accordant le droit de vote et d'éligibilité au même titre que les hommes. Elles allaient voter pour la première fois l'année suivante, lors des élections municipales du 29 avril 1945. Mais il faudra cependant attendre1958 pour que ce droit soit étendu à l'Algérie, pourtant constituée officiellement de départements français.

Si la France se proclame le pays des droits de l'homme depuis la révolution de 1789, on ne peut pas dire que ses gouvernements successifs se sont hâtés pour accorder aux femmes ce droit élémentaire, mis à part pendant les trois mois qu'a duré la Commune de Paris, en 1871. Elles l'obtinrent vingt ans après la Mongolie (1924) et quatorze ans après la Turquie (1930). Beaucoup de pays européens avaient aussi accordé le droit de vote aux femmes bien plus tôt, dans les années vingt pour la plupart, et même dès 1906 pour la Finlande.

Mais entre avoir le droit de vote et être considérées à l'égal des hommes pour des fonctions politiques, il y a un fossé qui n'a pas encore été franchi par les femmes. Une seule, la socialiste Édith Cresson, a été à ce jour nommée Premier ministre, et la loi sur la parité votée en 1999 ne s'applique que pour la présentation à des élections. Elle est d'ailleurs limitée puisque les partis ne sont pas obligés de s'y soumettre aux élections législatives, ils encourent juste des pénalités financières s'ils ne respectent pas l'égalité hommes-femmes dans leurs candidatures.

Pour ce qui est des élues au Parlement, la France se situe au 58e rang mondial, avec 20 % de femmes députées, loin derrière le Rwanda, où elles sont 58,8 %, et même la Tunisie avec 28,8 %.

Soixante-cinq ans après le décret leur accordant le droit de vote, le chemin est encore long pour que les femmes soient reconnues les égales des hommes sur le plan politique.