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Dans les entreprises
Air France : Petit trou d'air, gros « trésor de guerre »
Alors, des travailleurs en intérim ou en CDD - et ils peuvent être nombreux dans certains secteurs de la compagnie, notamment en escale (dans les aérogares), sur piste ou dans certains ateliers de maintenance - vont y perdre leur emploi. Quant au reste du personnel, il risque aussi d'y perdre, et d'abord sous la forme d'un accroissement de sa charge de travail, puisque les départs en retraite ne seront pas compensés.
C'est d'ailleurs une habitude à Air France, car, rien que pour le dernier exercice, mars 2008-mars 2009, la compagnie a déjà supprimé entre 1 000 et 1 200 postes, sans même qu'elle puisse invoquer, comme maintenant, un recul du trafic ni un déficit d'exploitation. Au contraire, depuis au moins 2004, sur fond de trafic aérien en expansion, le nombre de passagers transportés par Air France-KLM a augmenté plus que la moyenne des autres grandes compagnies, de même que son activité cargo. Quant à ses bénéfices, ils se sont littéralement envolés année après année, jusqu'à atteindre près de 1,5 milliard l'an dernier.
Bien sûr, la compagnie invoque maintenant une perte d'exploitation de 200 millions, mais elle est bien limitée au regard des milliards qu'elle a amassés ces dernières années. Même le quotidien économique Les Échos, après avoir constaté que « Air France-KLM (est) la seule grande compagnie à n'avoir connu ni pertes ni plan social au cours des dix dernières années », caractérisait ce groupe aérien, le 16 avril, comme « fort d'une abondante trésorerie ».
C'est un euphémisme quand Air France avoue avoir... 5 milliards d'euros disponibles pour des « bons coups ». Car trou d'air dans le trafic aérien ne signifie pas forcément trou dans la caisse. Loin de là !
Ainsi, Air France vient de s'inviter dans Alitalia en prenant 25 % de son capital, plus une option sur le reste. Coût du « ticket d'entrée » : 323 millions d'euros. Le calcul est vite fait : c'est une fois et demi le prétendu déficit annoncé ces jours-ci par la compagnie !
Et pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Fin mars, Air France a « exprimé son intérêt », selon sa formule, pour une autre compagnie, CSA, que le gouvernement tchèque va privatiser en juin. Air France-KLM voudrait mettre la main sur CSA, afin d'étoffer son réseau en Europe centrale et orientale. Là ce sont des centaines de millions, voire plus d'un milliard, qu'Air France pourrait mettre sur la table.
En fait, la direction d'Air France procède comme les autres patrons : elle voit dans la crise une occasion de s'emparer de nouvelles parts de marchés, en même temps qu'un prétexte pour intensifier ses attaques contre le personnel. Et quand elle annonce, ces jours-ci, 0,4 % d'augmentation des salaires en juin et 0,4 % en novembre, ce n'est rien d'autre qu'une nouvelle tentative de faire payer aux travailleurs l'accroissement de ses profits réels.