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- Lutte ouvrière n°2124
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Strasbourg : Après le sommet de l'OTAN, les habitants du Port-du-Rhin manifestent
Le Port-du-Rhin est ce quartier pauvre et périphérique de Strasbourg, où les autorités ont relégué la manifestation du 4 avril contre le sommet de l'OTAN. Les quelque mille trois cents habitants qui y vivent ont été particulièrement choqués par la violence des casseurs qui ont agi en marge de la manifestation, qui ont détruit des abribus, la devanture de La Poste, et surtout incendié la pharmacie, la seule du quartier, ainsi que l'hôtel Ibis, qui jouxte certaines habitations.
Mais après le choc des événements, le sentiment d'avoir été abandonnés par la police a pris le dessus. Le mécontentement est dirigé contre les autorités : celles-ci ont en effet su déployer un arsenal policier inédit pendant plusieurs jours pour assurer la sécurité des chefs d'État, mais se sont révélées incapables de protéger les habitants du quartier et de stopper les casseurs, dont la présence était pourtant prévisible. Même un policier, présent dans l'hôtel Ibis au moment où celui-ci commençait à prendre feu, a porté plainte contre sa hiérarchie, estimant que celle-ci avait trop tardé à répondre à ses appels à l'aide.
Un collectif d'habitants du quartier s'est organisé avec la participation et le soutien d'une conseillère municipale socialiste. À l'appel de ce collectif mercredi 8 avril, près de 200 personnes, essentiellement des habitants du quartier, dont de nombreuses femmes avec leurs enfants, se sont rassemblées au pied des ruines de la pharmacie et de l'hôtel Ibis avant de partir en manifestation vers l'hôtel de ville. Sur certaines pancartes, on a pu lire « Pris en otage, sacrifié OTAN », « Port-du-Rhin mort oublié » ou encore « Pour effacer le drame, donnez-nous le tram ».
Dans un tract, les habitants ont fait part de leur exigence concernant une reconstruction rapide, la réouverture en urgence de la pharmacie, mais aussi la création d'une cantine pour les enfants de ce quartier, où manquent cruellement infrastructures et services publics.
Une délégation d'une dizaine de personnes, reçue par la mairie, a réclamé entre autres qu'il y ait une permanence de la CAF pour les habitants, et que la crèche du quartier reste ouverte entre midi et deux heures, notamment pour les mères qui travaillent ; elle a aussi demandé à ce que le tram vienne desservir le Port-du-Rhin, qui se trouve à environ cinq kilomètres du centre-ville, et qu'en attendant la fin des travaux la fréquence du passage des bus soit augmentée. De nombreux manifestants ont exprimé par avance leur méfiance vis-à-vis des discours et des éventuelles promesses des pouvoirs publics : c'est pourquoi ils ont exigé la tenue prochaine d'une réunion publique, dans le quartier leur permettant de prendre part aux décisions les concernant, et ceci en présence de responsables politiques, qu'ils pourront alors avoir sous les yeux.