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Leur société
Nouvelle attaque contre les sans-papiers ! la Cimade évincée de centres de rétention
Depuis la création, en 1984, des centres de rétention administrative, les militants de la Cimade apportent aux étrangers détenus des aides juridiques pour tenter d'empêcher leur expulsion et obtenir leur régularisation.
La Cimade est ainsi depuis 25 ans la seule organisation non gouvernementale autorisée à intervenir dans les centres de rétention administrative (CRA).
Les militants de la Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués, service oecuménique d'entraide), pour la plupart des militants d'inspiration catholique ou protestante, agissent avec leurs convictions. Depuis que Sarkozy a fait de la chasse aux immigrés son fonds de commerce électoral, la Cimade représente un obstacle pour sa politique xénophobe. Forte de son expérience, avec d'autres associations, elle parvient à faire reconnaître les droits de nombreux prisonniers et à les faire libérer. Elle dénonce régulièrement les abus et mauvais traitements dont sont victimes des sans-papiers et elle publie chaque année un rapport national sur les conditions de détention et d'expulsion dans les 25 centres de rétention. Autant de vérités qui déplaisent fortement au gouvernement.
Aussi, depuis un an, Hortefeux et son successeur Besson cherchent-ils à évincer la Cimade des CRA. À partir du 2 juin 2009 cela va être en partie réalisé. Sous prétexte de lutter contre « le monopole de la Cimade » et au nom « de la libre concurrence », le gouvernement a lancé le 22 août des appels d'offres publics à toutes les associations qui veulent remplir cette tâche.
Pour mettre fin à une situation où la Cimade pourrait avoir une vue d'ensemble de la situation, le gouvernement a divisé les 25 CRA en huit lots. La Cimade qui s'est portée candidate pour tous les lots de France et d'outre-mer n'a été retenue que pour trois lots composés de 11 CRA. Cinq autres associations ont choisi de la concurrencer et de répondre à des appels d'offres, et ont été retenues pour les cinq autres lots. Sur quels critères ? Sûrement pas pour une meilleure expérience juridique ni pour mieux défendre les étrangers, surtout quand on voit que l'une de ces associations, « Collectif Respect », a été créé par des militants UMP en 2003, à la suite de la Marseillaise sifflée lors d'un match de football France-Algérie.
De plus, cette association inconnue sur le terrain de la défendre des immigrés, proclame avant tout « promouvoir le respect dû à l'autorité légitime et en particulier aux institutions et au président de la République », comme le cite L'Humanité. C'est cette association que Besson a choisi soi-disant pour défendre les intérêts des immigrés en outre-mer, à Mayotte où chaque année ce sont 16 000 sans-papiers qui sont expulsés manu militari. Vraiment, Besson mérite son vrai nom de ministre de la Chasse aux sans-papiers et aux expulsions !