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- Lutte ouvrière n°2124
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Lear-Lagny-le-Sec (Oise) : La grève dure et se renforce
Après dix jours de grève, les grévistes de Lear, à Lagny-le-Sec, à qui la direction ne donne le choix qu'entre le départ pour l'usine de Cergy, à 80 km, et le licenciement, ne désarment pas. Le nombre de grévistes a même augmenté.
À l'entrée de l'usine qui fabrique des sièges pour les C2 et C3 un compteur indique le nombre de voitures sans sièges qui sortent des chaînes de l'usine PSA d'Aulnay. Mardi 14 avril, le compteur indiquait 6 000. À ce rythme-là, le parking d'Aulnay sera saturé dès la fin de la semaine.
La semaine précédente, la direction de Lear avait tenté d'impressionner les grévistes en les assignant devant les tribunaux. Peine perdue, la juge a refusé l'évacuation de l'usine. La direction a fait appel devant la cour d'Amiens mais, même si elle obtient gain de cause, il lui faudra de toute façon l'accord du préfet pour l'expulsion des grévistes. Ce sera peut-être difficile car l'Oise est un des départements les plus touchés par les licenciements et la population est clairement unie derrière les travailleurs en lutte contre la fermeture de leur entreprise.
Les travailleurs de Lear s'organisent. Ils ont élu un comité de grève et se réunissent deux fois par jour en assemblée générale. Ils se préparent à une grève longue et ne courent pas après la direction. Du coup c'est elle qui a fait le premier pas. Elle a dit qu'elle voulait bien négocier, mais uniquement avec les représentants syndicaux et à l'hôtel Ibis de Senlis (à 20 km de Lagny !). Les grévistes ont refusé. Pas question de négocier ailleurs qu'à l'usine et ils estiment que c'est à eux et non à la direction de choisir leurs représentants !
C'est alors la direction qui a cédé et lundi soir 13 avril elle a rencontré à l'usine une délégation de neuf grévistes, majoritairement composée de membres du comité de grève. La première réunion a duré cinq minutes. La délégation a exigé comme préalable à toute négociation l'annulation de la procédure pénale. La direction ayant proposé seulement la suspension, les membres de la délégation se sont levés et ont quitté la salle comme un seul homme.
La direction embarrassée a demandé la reprise des discussions. Mais c'est seulement deux heures et demie plus tard que la délégation est revenue. Les grévistes ont donc énuméré leurs revendications, dont une prime de licenciement de 40 000 euros pour les salariés qui refusent le transfert à Cergy, et le maintien de leur salaire de base que la direction voulait diminuer, pour ceux qui acceptent la mutation. Un représentant patronal ayant dit que ce n'était pas possible car il ne pouvait y avoir deux salaires de base différents, un ouvrier lui a répondu qu'il n'y avait qu'à aligner les salaires de Cergy sur ceux de Lagny !
La direction n'a rien voulu céder lors de cette première rencontre et propose de reprendre la discussion le lendemain. Les grévistes ont refusé, l'un d'eux disant : « Demain nous n'avons pas le temps de vous voir car nous sommes au tribunal d'Amiens, à mercredi peut-être... ». Les grévistes ont par ailleurs voté une majoration de 1 000 euros de la prime de départ chaque fois que la direction voudra les rencontrer pour rien.
Les travailleurs de Lear ont donc le moral. Ils sont allés distribuer un tract devant l'usine Lear de Cergy et sont allés voir les salariés de la Sodimatex à Crépy-en-Valois, eux aussi en grève contre la fermeture de leur usine, et ceux de Kuehne Nagel, une entreprise de Lagny-le-Sec, où les travailleurs sont en grève depuis le 13 avril contre des licenciements. Les travailleurs de Lear ont décidé de continuer d'aller à la rencontre des travailleurs des autres usines afin de faire connaître leur lutte.