Heuliez en redressement judiciaire : Le patron veut sauver les profits15/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2124.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Heuliez en redressement judiciaire : Le patron veut sauver les profits

Le tribunal de commerce de Niort vient de décider la mise en redressement judiciaire de la société Heuliez, avec une période d'observation de six mois. Il accorde ainsi un délai supplémentaire pour trouver les 45 millions d'euros dont Heuliez dit avoir besoin pour maintenir son activité, en trouvant éventuellement des repreneurs.

Le 25 mars le gouvernement, par la voix de Luc Chatel, le secrétaire d'État chargé de l'Industrie et de la Consommation, s'était dit décidé à « se battre pour éviter la liquidation de l'entreprise ». Il évitait aussi que Ségolène Royal, la présidente de la région Poitou-Charentes, ne tire argument des difficultés d'Heuliez pour en créer au gouvernement et l'accuse de ne rien faire pour sauver une des grosses entreprises de la région.

Le gouvernement a donc annoncé le versement de dix millions d'euros par le biais du Fonds stratégique d'investissement, créé en octobre 2008 par Sarkozy pour aider les entreprises en difficultés. La région donnerait cinq millions d'euros, sept autres seraient versés par un fonds d'investissement Demeter, parrainé par la Caisse des dépôts et consignations, et EDF verserait cinq millions d'euros au titre d'une collaboration industrielle. Au total, la collecte de près de trente millions d'euros de fonds publics a donc été annoncée.

Mais dans le même temps la famille Queveau, propriétaire d'Heuliez, se refuse à verser le moindre centime d'euro, affirmant sans gêne qu'elle n'en a pas les moyens. Elle n'est pourtant pas sur la paille à en croire le journal Challenges dont le site Internet estime sa fortune à près de 100 millions d'euros. La même famille a aussi su débourser 1,386 million d'euros d'indemnités au directeur général au moment de son départ en 2008, tout en mettant ses salariés au chômage partiel pendant un tiers de leur temps de travail, ce qui diminue d'autant leurs salaires... Quant à Luc Chatel, qui avait fait de l'engagement de la famille Queveau une condition sine qua non à l'apport de fonds publics, il n'en parle plus aujourd'hui, justifiant ainsi l'attitude de cette famille de capitalistes pour qui les profits accumulés sur le dos des salariés ne doivent servir qu'à l'enrichissement du patron ! Pour la famille Queveau, le redémarrage d'Heuliez pourrait d'ailleurs même être une bonne affaire, car il permettrait de revendre l'entreprise à d'éventuels repreneurs comme Dassault ou Bolloré, intéressés par le savoir-faire d'Heuliez dans le domaine de la voiture électrique.

Chez Heuliez, comme ailleurs, la politique du gouvernement vise à protéger les intérêts privés et les profits passés et à venir des capitalistes, quitte à faire payer les salariés, en les privant de leur emploi, ou les contribuables, en les faisant subventionner une entreprise en difficulté.

Mais ce qu'il faut protéger en premier lieu, ce sont les salaires et les emplois des travailleurs menacés par la crise, en prenant sur les profits des capitalistes, en commençant dans le cas d'Heuliez par la famille Queveau !

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