Amiante : Pour un procès pénal15/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2124.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : Pour un procès pénal

Mardi 14 avril, une manifestation conduite par des veuves des ouvriers morts de l'amiante a réuni 250 personnes. Il s'agissait pour l'Association régionale des victimes de l'amiante (Ardeva) de reprendre ses marches régulières autour du palais de justice de Dunkerque qui, de décembre 2004 à janvier 2006, avaient conduit l'État à regrouper les plaintes venant de toutes les régions dans les mains de magistrats spécialisés du Pôle de santé publique à Paris et à créer une cellule d'officiers de police judiciaire pour les instruire en vue d'un procès pénal de l'utilisation de l'amiante.

Avant cette mobilisation, rien de tout cela n'existait. Les plaintes déposées par les victimes un peu partout en France contre les entreprises responsables étaient laissées depuis plus de dix ans dans l'oubli.

Depuis, en 2008, il y a eu la mise en examen des ex-dirigeants et des médecins de Valeo à Condé-sur-Noireau (Calvados), du Port et de la Normed à Dunkerque.

Mais les effectifs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique chargés des enquêtes n'ont pas été affectés à plein temps sur le dossier de l'amiante. D'autres missions, comme le dopage sur le Tour de France ou l'importation illicite d'animaux, leur ont été périodiquement confiées. Des engagements ont plusieurs fois été pris par le ministère de la Justice pour l'augmentation des effectifs des enquêteurs, mais ils n'ont jamais été tenus. Les moyens supplémentaires annoncés ne sont pas arrivés. Au rythme actuel, il faudra attendre 2014, vingt ans après le dépôt des premières plaintes, pour que le procès puisse se tenir. Combien de victimes seront encore là pour le voir ?

Un autre moyen d'enterrer les dossiers sensibles de santé publique comme l'amiante pourrait être, selon l'Ardeva, la suppression des juges d'instruction annoncée par Sarkozy et leur remplacement par des procureurs relevant directement du ministre de la Justice. Les victimes de l'amiante savent que depuis plus de dix ans aucun procureur n'a levé le petit doigt pour engager une poursuite pénale contre les responsables de cette catastrophe sanitaire parfaitement prévisible et qui fait dix morts par jour. Qui peut croire que les procureurs agiront demain autrement ? Sarkozy n'a-t-il pas affiché, devant l'université d'été du Medef, sa volonté de dépénaliser le droit des affaires et de protéger les chefs d'entreprise du risque pénal ?

Pourtant, un procès pénal de l'amiante s'est ouvert le 6 avril à Turin, en Italie. 2 900 victimes de l'amiante y ont porté plainte contre deux anciens dirigeants du trust de l'amiante Eternit. Là aussi, il a fallu de longues procédures pour en arriver là. Mais ce qui a été possible en Italie pourrait l'être aussi en France.

Les marches continueront à Dunkerque pour qu'un procès pénal de l'amiante se tienne rapidement. Deux manifestations nationales sont également prévues, le 13 juin à Dunkerque et le 3 octobre à Paris.

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