Vente Bergé-Saint-Laurent : Les héritiers des pillards25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vente Bergé-Saint-Laurent : Les héritiers des pillards

Dans la collection d'oeuvres d'art acquise par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé que ce dernier vend aux enchères, figurent deux objets chinois de bronze en provenance de Chine : une tête de rat et une tête de lapin. La Chine réclame leur retour.

Bien avant d'encadrer la cheminée de Pierre Bergé, ces têtes avaient orné, avec dix autres statuettes, la principale fontaine du Palais d'été de Pékin. L'ensemble a disparu dans les malles des troupes franco-britanniques quand elles ont saccagé le palais, le 18 octobre 1860. L'expédition militaire avait pour but d'ouvrir de nouveaux ports chinois aux capitalistes occidentaux et d'imposer le commerce de l'opium. Le général français qui participa personnellement au pillage, Cousin de Montauban, à la tête de 8 000 hommes, avait déjà à son actif des massacres coloniaux en Algérie. Il fut récompensé par le titre de comte de Palikao, du nom d'un pont près de Pékin. Le commandant anglais qui ordonna l'incendie du palais, était Lord Elgin, dont le père avait démonté un ensemble de sculptures du Parthénon à Athènes en 1801 pour les transporter à Londres.

Par la violence ou « pacifiquement », la Grande-Bretagne et la France considéraient à l'époque que les oeuvres artistiques faisaient un lot avec les matières premières et autres richesses des pays soumis à leur pillage économique, à des traités inégaux ou la colonisation. Ce qui n'a pas été détruit ou n'a pas disparu dans des naufrages se trouve aujourd'hui en majeure partie dans les musées et les collections privées occidentales.

Cinq des douze têtes en bronze du Palais d'été de Pékin semblent définitivement perdues, et cinq autres ont déjà été vendues aux enchères. Restent ces têtes de lièvre et de rat qui ont été acquises « légalement », se justifie Christie's, l'officine chargée de la vente de la collection de Pierre Bergé. Il faut croire que le recel n'est pas considéré comme un délit dès lors que le vol a eu lieu en service commandé.

Quant à Pierre Bergé, il a déclaré le 20 Février à France-Inter : « Je ne ferai pas de cadeaux aux Chinois contrairement à ce qu'ils imaginent. Je suis prêt à donner ces têtes chinoises à la Chine s'ils sont prêts à reconnaître les droits de l'homme ». Mais de quel droit cet homme fortuné fait-il la morale alors qu'il ose mettre des conditions à la restitution d'objets qu'il sait avoir été extorqués par la violence et dont il a bien profité ?

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