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Leur société
Pôle emploi : L'efficacité d'un naufrage
Lorsque la création du Pôle emploi a été décidée, en octobre dernier, par la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, les représentants du gouvernement ne tarissaient pas d'éloges sur la future entité chargée de venir en aide aux chômeurs.
Selon Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi, il allait en résulter une plus grande « simplicité pour le demandeur d'emploi » grâce à des guichets uniques. Et ce même Laurent Wauquiez parlait d'instaurer une « culture du résultat », avec comme objectif « à l'horizon de trois ans (...), le service public de l'emploi le plus moderne et le plus efficace d'Europe ».
Rassembler l'ANPE et l'Unedic, pourquoi pas ? Cela aurait peut-être pu fonctionner, à condition de maintenir les agences existantes et le personnel. Et même de l'augmenter, compte tenu de l'accroissement du nombre de chômeurs depuis quelques mois.
Or le gouvernement a fait l'inverse et c'est au moment précis où le chômage s'accroît que l'efficacité de l'accueil des chômeurs diminue.
Face à cette dégradation, le personnel des pôles emploi a fait grève début janvier 2009. Et les organisations syndicales dénoncent la pagaille : « Avant la fusion il fallait cinq jours pour s'inscrire et pour avoir son entretien personnalisé ; aujourd'hui, en Ile-de-France, il faut dix-huit jours pour l'inscription et cinq à sept semaines pour l'entretien. »
Alors que l'objectif de la direction, c'est que chaque agent assure le suivi de 60 dossiers, certains en géreraient « de 150 à 180 » et d'autre part il y aurait « 68 000 dossiers en retard en attente de traitement ». Et par conséquent, pour toucher l'allocation à laquelle ils ont droit, certains chômeurs doivent attendre « trois à quatre mois ».
Bref, en matière d'efficacité, c'est plutôt le naufrage.
Face à cette situation, le directeur de Pôle emploi, Christian Charpy, essaie d'en minimiser la gravité. Il y a certes du retard, est-il bien forcé d'admettre, mais qui irait selon lui en se résorbant. Quant à la surcharge de dossiers, elle ne serait que d'« environ 10 personnes de plus à suivre par conseiller ». Ce qui ne l'empêche pas de prétendre, dans le même élan et de manière parfaitement contradictoire, que « 85 à 90 demandeurs d'emploi sont suivis en moyenne par un conseiller ». En moyenne, peut-être, et cela resterait encore à vérifier, mais cela signifie que certains agents sont au-dessus de la moyenne.
Alors les représentants des autorités peuvent bien chipoter sur l'ampleur du désastre, il n'en reste pas moins que pour le moment le « service le plus efficace d'Europe » est plutôt mal parti.
Et puis l'arbre du Pôle emploi ne doit pas cacher la forêt du chômage. Même si ce service fonctionnait à la perfection, cela ne créerait pas les emplois qui font défaut.
Dans le Pôle emploi, non seulement le pôle est dans un triste état, mais surtout les emplois ne sont pas là.