Groupe Renault : Soucieux de préserver... les profits25/02/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/02/une2117.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Renault : Soucieux de préserver... les profits

Renault vient d'annoncer une nouvelle rafale de journées non travaillées : l'entreprise envisage 50 jours chômés dans les usines et 20 dans les centres techniques et de recherche. Son service de communication a lancé l'information, présentée de façon tendancieuse et reprise dans certains médias, que ce chômage partiel serait indemnisé à 100 %. On est loin de la réalité.

La direction propose de signer, avec l'État et les directions syndicales, un « contrat de crise » qui, notamment, envisagerait l'indemnisation du chômage partiel des ouvriers et ETAM (employés, techniciens, agents de maîtrise) jusqu'à 90 % du salaire net, hors primes, lesquelles constituent pourtant, pour un ouvrier, une part non négligeable des rentrées mensuelles. Désinvoltes, les dirigeants de Renault suggèrent aux salariés de compenser eux-mêmes les pertes en rachetant les jours de KTI, ce capital-temps individuel que des « accords » de variabilité antérieurs avaient inventé pour stocker d'éventuelles heures ou journées supplémentaires à réutiliser ensuite, en principe au gré du travailleur concerné. C'est pure hypocrisie : la majorité des travailleurs ont des compteurs à sec, ceux-ci ayant déjà servi à compenser les journées chômées en 2008 ou janvier 2009, comme à l'usine de Flins où la direction a sur ces derniers mois organisé 45 jours de chômage.

Par ailleurs, système déjà mis en pratique, Renault ponctionnerait une journée sur les compteurs individuels des cadres, par tranche de quatre jours chômés, pour alimenter un fonds destiné à financer le complément d'indemnisation des salariés, fonds « généreusement » abondé d'autant par la direction. En fait de générosité, en additionnant la contribution versée par l'État et les économies sur les cotisations sociales, la direction économiserait, outre les frais de fonctionnement, quelque 200 millions d'euros pour les périodes de chômage envisagées. Somme qui représente pas moins d'un tiers de ses bénéfices 2008 !

Et justement, les bénéfices publiés le 12 février sont bien réels, malgré la crise. En conférence de presse, Ghosn a annoncé un bénéfice de 599 millions d'euros pour 2008. Le PDG affiche d'ailleurs dans son discours aux salariés une bonne dose d'autosatisfaction, en évoquant un « bilan très positif »... pour l'entreprise ; quant aux salariés, il se borne à constater que les conséquences « sont difficiles, ardues ». Il s'est bien gardé de rappeler que le montant des bénéfices cumulés depuis 2003 était de 15,6 milliards.

Donc, de l'argent, Renault en a. Ce qui n'a pas empêché le patron de réduire considérablement le solde de la prime d'intéressement des salariés, dépouillant ces derniers de quelque 2 000 euros pourtant nécessaires à leurs revenus. Quant aux rituelles « négociations » salariales en cours entre direction et syndicats, elles ne prévoient, après la rencontre du 23 février, aucune augmentation générale des salaires pour 2009, hormis quelques queues de cerise. C'est donc bien autrement que les travailleurs de Renault, des filiales mais aussi des entreprises sous-traitantes devront aller chercher les 300 euros par mois d'augmentation de salaire - indispensable pour compenser la perte de pouvoir d'achat, et bien moins aléatoire que les primes au bon vouloir des patrons. Et la colère qui, par endroits, à l'usine de Flins notamment, a suivi l'annonce de l'effondrement de la prime d'intéressement, est le signe que de nombreux travailleurs de l'automobile n'acceptent pas de payer pour une crise qui n'est pas la leur.

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