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- Lutte ouvrière n°2115
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Leur société
Quelles «contreparties» aux cadeaux faits au patronat ? Des euros, de la sueur et des larmes... mais pas pour les mêmes
Ainsi, on nous dit que des centaines de milliards d'euros n'ont pas été offerts aux banques mais prêtés et que cela, loin de coûter à l'État, lui rapportera. Seulement, de l'aveu du député UMP Carrez, rapporteur du budget, ce prêt sans limite dans le temps gonfle démesurément la dette publique et de ce fait appauvrit l'État plus qu'il ne l'enrichit.
L'État n'a absolument rien demandé en contrepartie des vingt et un milliards d'euros d'aides données aux banques, même pas un droit de regard sur l'utilisation de ces fonds. Le principal dirigeant de la Société Générale désigne d'ailleurs cette opération comme étant « un confort pour nous aider à financer l'économie ». En quelque sorte un petit cadeau, pas vraiment indispensable mais qui fait toujours plaisir.
Les six milliards distribués à Renault et PSA auraient, eux, une contrepartie réelle : les constructeurs s'engageraient à ne pas fermer d'usine en France. Mais, outre le fait que Renault et PSA licencient en ce moment même sans fermer d'usine, que fera l'État si un constructeur décide de fermer quand même un site ?
Contraindra-t-il une grande entreprise capitaliste à faire autre chose que ce que ses actionnaires ont décidé, passera-t-il au-dessus du droit de la propriété privée ? Fera-t-il voter une loi interdisant les licenciements ? On peut en douter.
Le cadeau constitué par la suppression d'une partie de la taxe professionnelle est fait lui aussi sans contrepartie de la part des patrons, sans que rien ne leur soit demandé.
Alors, il reste l'argument massue de Sarkozy et consorts, l'abandon des bonus par les directeurs de banques et l'encadrement des primes des traders. Mais en quoi ces mesures touchent-elles le capital puisque les dividendes des actionnaires ne sont même pas égratignés, même pas évoqués ? Elles ne touchent en fait que les émoluments de ces commis de la bourgeoisie, même s'ils sont dorés sur tranche.
Tout le reste n'est que discours, promesses et effets de manche. Les éventuelles mesures en direction des classes populaires évoquées par Sarkozy, s'il en reparle un jour, seront soumises à la négociation entre partenaires sociaux, c'est-à-dire à la bonne volonté patronale. En revanche les cadeaux au grand patronat sont réels, chiffrés et immédiatement versés. En échange le gouvernement demande aux travailleurs de se serrer encore un peu plus la ceinture.
Pour eux il y a des contreparties : licenciements dans le privé, suppressions d'emplois dans le public, blocage des salaires, coupes dans les services publics utiles à la population et une dette publique qui pèse essentiellement sur celle-ci.