En juillet 2007, la famille de l'émir du Qatar a racheté pour 80 millions d'euros au baron Guy de Rotschild un hôtel particulier situé à la pointe de l'île Saint-Louis, à Paris. Il compte occuper sa nouvelle résidence quinze jours par an.

Jusque-là, rien que d'assez habituel dans le monde des milliardaires. Sauf que l'émir a prévu des travaux pharaoniques dans ce site classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Construit au 17e siècle, l'hôtel Lambert a été édifié par Le Vau et décoré par Le Brun, la même équipe qui a conçu le château de Versailles. L'émir ne veut pas y aller avec le dos de la cuiller puisqu'il est prévu d'installer quatre ascenseurs, une vingtaine de chambres et autant de salles de bains, et de construire un parking souterrain. Après quoi on peut se demander ce qui restera du bâtiment originel.

Le ministère de la Culture a pourtant donné son accord, sans même passer par l'avis de la Commission nationale des monuments historiques, et il a transmis le dossier en urgence au service de l'urbanisme et au maire de Paris, car les travaux devraient commencer en janvier 2009. La mairie de Paris se préparait elle aussi à donner son accord quand, patatras, la Commission du Vieux Paris, instance consultative chargée de veiller sur le patrimoine, est parvenue à freiner sa décision.

Qu'à cela ne tienne : selon Le Canard enchaîné, l'État serait prêt à enregistrer l'hôtel particulier comme bâtiment diplomatique, ce qui permettrait de se passer des autorisations de travaux de la ville de Paris. Entre préserver un monument culturel et préserver son amitié avec l'émir du Qatar, le gouvernement a évidemment déjà choisi.