Belgique : La crise a atteint Leterme24/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2108.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : La crise a atteint Leterme

Le gouvernement belge, qui avait eu beaucoup de difficultés à se mettre en place, a démissionné. Le Premier ministre, Yves Leterme, est accusé par le président de la Cour de cassation d'avoir cherché à empêcher la Cour d'appel de Bruxelles de se prononcer sur le plan de sauvetage qui a décidé la vente de la moitié belge de Fortis à BNP Paribas.

C'est une association de "petits" actionnaires qui a porté plainte, n'ayant pas été consultés lors de cette opération de sauvetage de la plus grande banque de Belgique, et dénonçant le fait qu'une des trois juges de la Cour d'appel, qui a refusé de signer le jugement en faveur des petits actionnaires, est la femme d'un membre du CD&V (Parti chrétien-démocrate flamand) proche d'Yves Leterme. Les adversaires de Leterme et les commentateurs de la presse dénoncent une grave entorse à la séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire !

Quelle séparation des pouvoirs ?

Cette séparation des pouvoirs qui serait un des fondements de la démocratie est une vaste fumisterie. L'histoire est émaillée, en Belgique comme dans tous les pays dit démocratiques, d'affaires où le gouvernement pèse directement sur la justice pour défendre les intérêts des plus riches contre la population et en particulier le monde ouvrier. L'ancêtre de Fortis la Société Générale de Belgique portait d'ailleurs le surnom de 4e pouvoir et son siège est situé très près de celui du gouvernement et du Palais Royal

Fortis, qui était la première banque en Belgique, s'est trouvée en très mauvaise posture quand la crise financière a atteint l'Europe suite à la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Fortis venait tout juste de racheter la banque hollandaise ABN Amro, rachat pour lequel elle avait dû emprunter fortement. En plus, elle détenait un important portefeuille d'actions pourries. Elle fut la première victime européenne des spéculations à la baisse des milieux financiers. La faillite de cette banque pouvait conduire à un effet de dominos et à un chaos financier en Belgique et dans toute l'Europe. En catastrophe, le gouvernement belge injecta donc 4,5 milliard d'euros pour sauver Fortis de la faillite, de concert avec les gouvernements du Luxembourg et des Pays-Bas. Puis, quand l'État hollandais changea son fusil d'épaule une semaine plus tard en décidant de nationaliser une partie de la branche hollandaise de Fortis, le gouvernement belge négocia en urgence la vente des branches banque et assurances à BNP Paribas, bien en dessous de leur valeur du moment d'après de nombreux commentateurs financiers.

Dans cette opération précipitée, les actionnaires minoritaires ne furent pas consultés. Au-delà du respect des procédures par le Conseil d'administration de la banque - procédures qui ne furent respectées dans aucun pays dans les multiples plans dits de sauvetage des banques - le montant de la transaction est le point crucial que contestent les actionnaires minoritaires. Ils peuvent espérer que leurs actions en justice fassent monter le prix de cession de Fortis à la BNP, cela limiterait leurs pertes dans cette débâcle financière.

Cette crise intervient pour Yves Leterme à un moment où il est déjà affaibli par 18 mois de crises communautaires. De plus, en Flandre, nombreux sont les petits actionnaires de Fortis. Alors dans la concurrence exacerbée des différents partis politiques flamands, à quelques mois d'élections déterminantes en juin, tous ses adversaires, notamment les libéraux et les partis nationalistes flamands de droite et d'extrême droite qui ont le vent en poupe, peuvent espérer faire chuter Leterme et son Parti chrétien-démocrate. Ces mêmes partis s'emploient à faire revenir le problème communautaire au galop. Selon eux, " Leterme semble oublier qu'il a été élu par 800 000 Flamands et non par 8 000 000 de Français. "

Cette affaire politico-judiciaire n a qu'un lointain rapport avec les problèmes de la classe ouvrière, qui est la première victime de la crise capitaliste avec la multiplication des licenciements et des attaques contre les salaires. Il faut espérer que par ses luttes elle ramène les vrais problèmes de la majorité de la population sur le devant de la scène.

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