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Leur société
Une femme s'immole par le feu au Mans : La politique d'expulsion en accusation
Au Mans, dimanche matin 19 octobre, Josiane Nardi est décédée des suites de ses brûlures. La veille dans la matinée, devant la maison d'arrêt de la ville où son compagnon purgeait une peine de prison, et d'où il devait être transféré au centre de rétention de Rennes avant expulsion, cette femme s'était aspergée d'essence et enflammée devant quelques journalistes qu'elle avait convoqués.
Deux d'entre eux ont été brûlés en voulant lui porter secours pendant que d'autres personnes présentes ont frappé et crié aux portes de la prison pour demander de l'aide... sans succès.
La situation des sans-papiers, cette femme la connaissait parce qu'elle-même avait déjà été condamnée pour avoir hébergé son compagnon. Mais elle ne supportait plus cette situation où, une fois sa peine de prison accomplie, son compagnon devait une fois de plus être expulsé.
L'après-midi même, plus d'une centaine de personnes se sont regroupées devant la préfecture pour demander des comptes au préfet aux cris de « Hortefeux assassin » ou de « Régularisation de tous les sans-papiers ».
Depuis, les déclarations du gouvernement ou de la préfecture tentent d'écarter toute responsabilité. Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, a déclaré que ce drame n'était pas « une affaire de double peine ou de sans-papiers mais une affaire de droit commun ». Et de répéter à l'envi à travers la presse, utilisant d'ailleurs largement l'approximation, que le compagnon arménien de cette femme purgeait une peine pour vol et pour violence conjugale. Mais tenter de jeter l'opprobre sur les victimes de ce drame ne lave pas le gouvernement et le préfet de leurs responsabilités.
Car ce préfet est en effet bien zélé dans cette politique anti-immigrés brutale et il y a des précédents dans la Sarthe. En juin 2006 déjà, la police avait débarqué dans une maternelle pour rafler deux enfants kurdes afin de les expulser avec leur mère. Le même mois un jeune marocain s'était pendu au centre de rétention départemental, avant de décéder deux jours plus tard.
Et puis le ton est donné par le secrétaire général de la préfecture qui s'est vanté dernièrement, devant les représentants de la Ligue des Droits de l'Homme et du collectif contre l'immigration jetable, d'avoir expulsé des milliers de sans-papiers de Mayotte et de faire peu de cas, donc, du cas par cas.
Ces drames sont bien la conséquence de la politique du gouvernement qui pendant qu'il sert la soupe aux riches, mène la guerre aux plus démunis pour flatter l'électorat réactionnaire. Aussi lundi 20 octobre en fin d'après-midi, une manifestation de 250 personnes a eu à nouveau lieu entre la maison d'arrêt et la préfecture pour exprimer l'indignation que soulève cette politique.
Aujourd'hui le compagnon de cette femme, Henrik Orujyan, est assigné à résidence, mais beaucoup restent vigilants pour ne pas que l'acharnement de la préfecture se termine par son expulsion.