Quand les finances locales sont en difficulté... Fillon aide les banques22/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2099.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand les finances locales sont en difficulté... Fillon aide les banques

Certaines communes étant menacées de ne pas pouvoir payer l'intérêt de leur dette et d'autres, ou les mêmes, n'arrivant pas à trouver les crédits nécessaires pour boucler leur budget, Fillon a débloqué lundi 20 octobre cinq milliards d'euros pour « soulager les finances locales ».

La crise financière actuelle oblige en effet un certain nombre de présidents de Conseils généraux et de maires à révéler que leurs emprunts sont constitués de titres « toxiques », notamment d'emprunts à taux variables censés limiter le coût du crédit. C'était du moins ce que promettaient les banques, Dexia en particulier qui détient 36 % des prêts aux collectivités locales. Mais c'est le contraire qui risque de se passer. Les taux vont augmenter comme conséquence de la crise financière et avec eux les annuités dues par les communes.

Or, les collectivités territoriales ne sont pas des entreprises ou des particuliers qui peuvent mettre la clé sous la porte faute de pouvoir payer leurs dettes, dont la charge constitue en général de vingt à trente pour cent de leurs dépenses d'investissement. Elles devront les honorer en rognant sur leur budget de fonctionnement, c'est-à-dire sur l'école, l'aide sociale, les soins à domicile, les équipements collectifs, les emplois, bref sur les services indispensables à la population en général et aux travailleurs en particulier, ou bien elles seront conduites à augmenter les impôts locaux.

Personne ne sait aujourd'hui quelle partie des 126 milliards d'euros de la dette totale des collectivités locales est constituée de produits « toxiques ». Comme ce sont des villes et des départements dirigés par le PS qui ont les premiers signalé le problème, Fillon les a accusés de mauvaise gestion. Il s'est même targué de n'avoir pas pris, lui, d'emprunts indexés sur des devises « trop exotiques » lorsqu'il était président de région.

Pourtant Dexia et ses concurrents proposaient systématiquement ce genre de produit. Les banques proposaient même de racheter les dettes à taux fixe des municipalités pour les transformer en dettes à taux variable. Par exemple, en 2005, Claude Pernes, maire de droite de Rosny-sous-Bois, signait au nom de l'ensemble des maires d'Île-de-France un accord avec Dexia portant sur 95 millions d'euros de travaux publics. La banque proposait des taux variables inférieurs à un certain plafond et l'accord stipulait : « Si l'évolution des marchés financiers ne permet pas de respecter les taux plafonds... les partenaires se concerteront ». Des clauses de ce genre, il doit y en avoir plein les cartons de Dexia.

Mais, en dehors des leçons de morale comptable à l'usage des élus locaux, Fillon a aussi profité de l'occasion pour faire un nouveau cadeau... aux banques. Car ce sont elles qui sont chargées de gérer la moitié des cinq milliards destinés aux communes. L'argent sera dans les banques avant la fin de la semaine et, peut-être, un jour, dans les communes. Sous forme de prêt, bien entendu, et avec intérêts !

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