PSA s'en prend aux travailleurs handicapés22/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2099.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA s'en prend aux travailleurs handicapés

La direction de l'usine PSA d'Aulnay voudrait que désormais chaque travailleur soit sur un poste « à 100 % » : autrement dit, les travailleurs handicapés n'ont pas de place dans cette organisation du travail.

Pourtant, bien des travailleurs de l'usine sont usés après des années d'exploitation sur la chaîne, d'autres sont handicapés à vie, certains suite à un accident du travail.

Avec la fermeture d'une ligne de montage sur deux, une centaine de ces travailleurs se sont retrouvés sans poste. D'autres encore ont été affectés à des postes intenables, compte tenu de leurs restrictions médicales.

Auparavant, il existait des postes plus ou moins adaptés aux travailleurs avec des restrictions médicales, par exemple des postes de préparation en bord de chaîne. Ces postes ont aujourd'hui pratiquement tous disparu : le travail de préparation, les travailleurs sur la chaîne doivent le faire eux-mêmes en plus du reste.

La direction exige toujours plus de travail et fait la chasse aux temps morts. Elle cherche à grappiller la moindre seconde de repos. Elle a organisé tout un système pour que l'ouvrier en poste ne se déplace plus, mais fasse le maximum d'opérations dans sa journée. Alors il n'est plus question pour elle de postes adaptés aux travailleurs handicapés.

Aux travailleurs dont le poste a disparu, la direction de l'usine confie parfois des petites missions provisoires, comme faire le ménage dans les aires de repos dans les ateliers, ou retirer les bouts de scotch sur les panneaux d'information. Le reste du temps, beaucoup se retrouvent sans travail alors que les postes dans l'usine sont surchargés, le calcul de la direction étant de les décourager et de les pousser vers la sortie.

Pourtant, le code du travail oblige le patron à proposer un poste adapté ou à en aménager un. Et ce n'est techniquement pas un problème pour une grande entreprise comme Citroën, qui non seulement en a largement les moyens financiers, mais peut en plus bénéficier de subventions en récupérant les versements obligatoires des patrons sur les handicaps auprès de l'Agefip (Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionelle des personnes handicapées). Mais ce n'est pas la politique de la direction, qui n'applique pas la loi ou fait semblant, en proposant par exemple un poste adapté... à Sochaux ou à Rennes !

Mais la direction se heurte à des résistances. À plusieurs reprises, des postes proposés par la direction et prétendument adaptés ont ensuite été jugés impraticables par le médecin inspecteur régional du travail, alerté par les travailleurs concernés. Si des travailleurs handicapés ont fini par obtenir un poste adapté, c'est toujours parce qu'ils se sont défendus, imposant au patron une solution qu'ils ont souvent trouvée eux-mêmes. Avant les vacances, plusieurs dizaines ont débrayé. Certains travailleurs se sont eux-mêmes créé leur poste ; c'est ainsi que la direction a dû avaliser la création par des travailleurs âgés d'une équipe de nettoyage des salles de repos ou des sols glissants et dangereux.

Surexploiter et user la santé des travailleurs, puis tenter de les pousser dehors à plus de 50 ans ou avec un handicap durable, dès qu'elle ne les juge plus assez performants : la direction de PSA n'a vraiment aucun scrupule. Mais elle doit faire face à des travailleurs, nombreux dans cette situation, qui n'ont pas l'intention de se laisser faire.

Partager