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Leur société
Mauvais théâtre autour de La Marseillaise : Quand le nationalisme le dispute au ridicule
Quiconque a assisté un jour à un match de football sait que l'ambiance n'y est pas exactement celle d'une messe et que sifflets, quolibets et autres fusent en permanence. Pourtant, des sifflets au moment où La Marseillaise était chantée, lors du match France-Tunisie au Stade de France, le 14 octobre, ont suffi pour devenir matière à une affaire d'État.
Il faut dire que cela tombait à pic pour faire diversion, en pleine crise financière. Sur l'air général de l'indignation, les membres du gouvernement se sont lâchés, entonnant à tour de rôle des couplets mêlant le ridicule à l'insulte.
Pendant que Sarkozy convoquait le président de la Fédération française de football à ce qui ressemblait fort à un conseil de discipline, son Premier ministre, Fillon, proposait que « ceux qui veulent siffler un hymne national soient privés du match auquel ils sont venus assister ». Comment les repérer dans la foule assise sur les gradins ? Roselyne Bachelot, la ministre des Sports, a contourné l'obstacle en déclarant : « Tout match où notre hymne national sera sifflé sera immédiatement arrêté, et les membres du gouvernement quitteront l'enceinte sportive. » Que se passera-t-il alors, lorsque soixante à quatre-vingt mille personnes en colère seront évacuées du stade sans même être remboursées ? Voilà qui inquiète à juste titre les habitants et les commerçants des villes jouxtant le Stade de France. Qu'à cela ne tienne, « l'État assumera », promet Sarkozy. Comment ?
Dans ce lamentable concert, Fadela Amara n'a pas été en reste, déclarant qu'il fallait « donner un gros coup de Destop à ces comportements ». Le Destop, après le Kärcher de Sarkozy, il fallait le trouver ! Mais c'est Bernard Laporte qui, ajoutant le racisme à la bêtise nationaliste, a décroché le pompon en proposant que les matches opposant la France à la Tunisie, au Maroc ou à l'Algérie (et aussi au Portugal, pour faire bonne mesure) soient joués dans des stades de province, devant un public « sain », où les jeunes d'origine étrangère qui « sont de la banlieue parisienne n'iront pas voir le match ».
Enfin, après tout cet étalage de crétinisme gouvernemental, chacun s'est soudainement tu. Sans doute de peur qu'on les siffle...