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Dans le monde
Madagascar : Le pillage par Rio Tinto
La population de Madagascar, île de l'océan Indien, est l'une des plus pauvres d'Afrique. Cependant, elle recèle de l'ilménite, un minerai de titane utilisé principalement dans la peinture et la sidérurgie. Cela attise la convoitise du trust minier, Rio Tinto, l'un des plus puissants qui n'a pas lésiné sur les moyens pour exploiter l'ilménite.
Via l'une de ses filiales malgaches, Qit Madagascar Minerals (QMM), cette compagnie minière anglo-australienne, a investi près de 850 millions de dollars pour extraire le minerai, ce qui ferait de Fort-Dauphin un pôle industriel important. Pour arriver à ses fins, la compagnie a dû mettre dans sa poche le gouvernement malgache et bien des politiciens locaux.
Le procédé a été fort simple, banal même. Le trust, ayant trouvé un gisement à exploiter, a mis en place une filiale qui doit assurer l'exploitation du minerai, pendant plus de quarante ans. Pour sauver les apparences, la multinationale a accordé au gouvernement malgache la possibilité de devenir actionnaire symbolique de sa filiale à hauteur de 20 %, se gardant pour elle 80 % du capital. L'État malgache s'est chargé de financer toutes les dépenses d'infrastructure, s'endettant au passage, tandis que le trust extraira le minerai, le transformera ailleurs, le revendra sur le marché mondial et empochera le pactole.
Aujourd'hui, l'État malgache, déjà fortement endetté, risque de ne pas pouvoir faire face à ses engagements financiers dans la construction du port nécessaire pour l'exportation du minerai. Mais qu'importe, dans cette opération financière, les dirigeants de l'île sont surtout préoccupés de savoir quelle part, quelles miettes ils pourront récupérer pour eux et leur clique. Quant à Rio Tinto, il augmentera ses bénéfices déjà considérables.
Ainsi, le pillage du minerai de Madagascar est en marche avec la complicité du gouvernement malgache. La population pauvre en fait d'ores et déjà les frais. Des villageois ont été chassés par la force de la zone de production. Les maigres indemnités consenties par le trust minier ne leur ont même pas permis d'acheter un nouveau lopin de terre à cultiver. Les pêcheurs ont été priés manu militari de déguerpir et de trouver d'autres zones de pêche. À cela s'ajoute la destruction de tous les écosystèmes uniques, comme la forêt tropicale, le littoral, et la mangrove qui se trouvent dans la zone d'extraction du minerai.
Les profits et les richesses pour la multinationale et pour les autorités corrompues, les coups et la misère pour les masses pauvres malgaches, advienne que pourra, pourvu que l'impérialisme s'enrichisse. Voilà la réalité du pillage de Madagascar.