Le RSA discuté au Parlement : Un trompe-l'oeil face à la misère24/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2095.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le RSA discuté au Parlement : Un trompe-l'oeil face à la misère

Le RSA, ou revenu de solidarité active, a été présenté mercredi 24 septembre à l'Assemblée nationale pour y être discuté. Le projet actuel subira sans doute quelques amendements avant d'être adopté, mais on peut prévoir qu'il restera pour l'essentiel dans sa forme actuelle, même si le mode de financement prévu soulève des critiques, surtout d'ailleurs dans les rangs de la majorité. À l'essai actuellement dans 34 départements, il devrait être généralisé à l'ensemble du territoire en juin 2009.

Selon son promoteur Martin Hirsch, le RSA permettrait d'enrayer le chômage en faisant en sorte que les érémistes gagnent plus, s'ils retrouvent un emploi, que la somme des allocations qu'ils reçoivent. Mais il ne crée pas un seul emploi, et les 100 000 chômeurs en moins que ce dispositif devrait amener risquent de n'en trouver que dans les statistiques.

Le RSA s'adresse aussi aux travailleurs pauvres, qui gagnent moins de 1,04 fois le smic, et plus particulièrement ceux qui perçoivent un revenu inférieur à 817 euros par mois, défini comme le seuil de la pauvreté. Toujours selon Martin Hirsch, le RSA permettrait ainsi à 700 000 d'entre eux de " sortir de la pauvreté ". Comme si quelques dizaines d'euros en plus, même s'ils seront les bienvenus, pouvaient faire la différence, et comme si l'on n'était plus pauvre en touchant 900 ou 1 000 euros par mois !

En revanche, les patrons seront les bénéficiaires : ils pourront continuer à verser des bas salaires, puisque l'État complétera avec le RSA. De plus, le risque est grand de voir se multiplier les emplois à temps partiel. En effet, ce dispositif s'applique dès qu'un salarié travaille 20 heures par semaine en moyenne, et les patrons ont tout intérêt à développer les temps partiels pour augmenter les aides qu'ils perçoivent.

C'est le financement du RSA qui risque le plus de faire débat parmi les députés. Prévu au départ à 3 milliards d'euros, il a été rabaissé à la moitié de cette somme, et il sera financé en prélevant une taxe supplémentaire sur les " bénéfices du capital " ! Il n'en a pas fallu plus pour que le PS approuve cette mesure mais en fait, ceux qui seront taxés seront majoritairement les salariés, qui ont placé quelques économies sur un plan d'épargne retraite, une assurance vie ou les primes d'intéressement données par les entreprises. Quant aux plus hauts revenus, ils ne seront pas touchés par cette solidarité dite " active ", puisqu'ils bénéficient du bouclier fiscal.

Devant le tollé suscité jusque dans sa majorité, le gouvernement a déjà un peu modifié son projet de loi, ramenant de 1,1 à 0,9 % la taxation envisagée et parlant de plafonner quelques niches fiscales. Mais cela ne changera pas grand-chose au fait que, grâce au bouclier fiscal, les plus hauts revenus se trouveront exemptés de toute solidarité " active " ou non, avec les plus démunis.

Le RSA est une escroquerie qui ne fera pas baisser le chômage, et encore moins la misère.

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