- Accueil
- Lutte ouvrière n°2095
- Crise financière - Mille milliards de dollars pour les banquiers faillis : "la seule chose à faire", vraiment ?
Dans le monde
Crise financière - Mille milliards de dollars pour les banquiers faillis : "la seule chose à faire", vraiment ?
D'après les médias, le plan de sauvetage des banques américaines aurait été " accueilli avec soulagement par les marchés ", c'est-à-dire les banquiers, les détenteurs de capitaux et les gouvernements chargés de leurs intérêts. Politiciens, économistes, journalistes et chefs d'entreprise ont affirmé en choeur que c'était cher certes, et même injuste puisque la population devrait payer les dettes de ceux-là mêmes qui avaient joué et perdu sur son dos, mais qu'il n'y a rien d'autre à faire.
Ainsi Bush a-t-il déclaré que " cette approche audacieuse coûtera beaucoup moins cher que de ne pas intervenir " et de voir s'installer " la récession économique, les suppressions massives d'emplois ". L'éditorialiste du journal économique Les Échos affirmait quant à lui : " Sans le plan de sauvetage, c'est la capacité de la première économie mondiale à fonctionner qui risquait d'être anéantie. " Autrement dit, ce serait mille milliards de dollars ou le chaos, ce serait rembourser les spéculateurs ou le chômage de masse.
Mais le fait que tout cela ait été répété en boucle depuis le 19 septembre n'en fait pas une vérité. Tout d'abord parce qu'il peut tout à fait y avoir à la fois mille milliards de dollars de fonds publics offerts aux banquiers en faillite et le chaos. Les cours erratiques des Bourses, du pétrole, des matières premières et des monnaies, qui continuent à faire du yoyo, le montrent déjà. La confiance des capitalistes dans leur propre économie est loin d'être rétablie et la possibilité d'une crise catastrophique est toujours là.
Et si Bush et les deux candidats à sa succession qui ont en gros approuvé son plan voulaient vraiment, comme ils l'ont dit, établir un système de crédit fiable, efficace, crédible et transparent, une solution immédiate serait de nationaliser le système bancaire sans verser aucune indemnité aux capitalistes. Le crédit serait mis ainsi sous contrôle de l'État sans pour autant creuser un trou de mille milliards de dollars dans les caisses, ce qui alimentera d'un côté la spéculation et de l'autre l'inflation aux dépens des couches populaires.
Mais ni les politiciens à la Mc Cain ou Obama, ni même en France la gauche, le PS par exemple, n'ont osé proposer de restreindre un tant soit peu la liberté d'agir de la bourgeoisie. Tant qu'il y a encore quelque chose à gagner, encore des spéculations à faire, on laisse les financiers agir, la société dût-elle en périr.
Et d'ailleurs elle en périra à moins que les travailleurs n'y mettent bon ordre.