Afghanistan - L'engagement des troupes françaises : Les députés persistent et signent24/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2095.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan - L'engagement des troupes françaises : Les députés persistent et signent

Lundi 22 septembre, les députés ont voté la poursuite et le renforcement de l'intervention militaire française en Afghanistan par 343 députés pour (UMP et Nouveau Centre) et 210 voix contre (PS, PCF et Verts).

À droite, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a appelé à l'" unité du pays derrière son armée ". Mais à gauche, il n'était pas question pour le PS de réclamer nettement le retrait des troupes, comme l'ont fait le PCF et les Verts. Le vote du PS s'inscrit dans la tradition exprimée jadis par feu Léon Blum : " Voter contre, seulement quand nos voix ne manqueront pas pour prendre une décision ".

Le porte-parole du PS, Jean-Marc Eyraud, a expliqué que le " non " du PS n'était pas négatif ! " Nous ne votons pas contre la poursuite de l'engagement de la France en Afghanistan [il peut donc continuer ! NDR]. Nous votons contre une conception politique et militaire qui nous a conduits dans une impasse. " Autrement dit, comme disait une vieille chanson, Sarkozy, c'est seulement " la manière qu'il n'a pas ".

Pour faire avaler la pilule, les dirigeants politiques partisans du maintien des troupes françaises en Afghanistan ont rappelé que la France s'y retrouve aux côtés des États-Unis, et aussi de la plupart des États-membres de l'Union européenne.

Pour intervenir en Irak, les dirigeants US ont invoqué la présence d'armes de destruction massive inexistantes. En Afghanistan, c'est la lutte contre le terrorisme et le caractère dictatorial du régime des talibans qui justifierait l'intervention militaire.

Nul ne conteste que les talibans au pouvoir faisaient régner leur dictature religieuse sur toute la population, et notablement sur les femmes. Mais les grandes puissances, les États-Unis en tête, avaient considéré ces aspects des milices islamistes comme des détails quand elles choisirent de les équiper pour contrecarrer la présence des troupes russes en Afghanistan en 1980.

Les partisans de l'intervention en Afghanistan sont parfois lyriques. Ils prétendent avoir restauré la démocratie, ouvert des écoles et fait reculer l'obscurantisme religieux. Là encore on est dans les bobards de guerre. Pas plus en Afghanistan qu'en Irak, l'intervention militaire n'a fait pousser de tels fruits. En revanche, les interventions militaires, au lieu de calmer le jeu, ont réveillé le sentiment national des populations qui subissent les forces occupantes.

Après avoir formé les cadres des milices islamistes, les interventions des armées impérialistes sont maintenant en train de leur amener des combattants qui voient en eux moins des fanatiques religieux que des résistants à l'envahisseur étranger que sont les États coalisés autour des États-Unis, dont la France.

À l'occasion de l'embuscade qui a causé la mort de dix soldats français, on nous a vanté les moyens dont disposeraient les troupes US. Mais les quelque 23 000 soldats US engagés dans ce conflit n'ont pas mieux réussi en Afghanistan qu'en Irak. Des rapports de l'ONU dénoncent les exactions commises par l'armée américaine. Le 22 août dernier, par exemple, elle a bombardé un village, tuant 92 civils, des enfants pour la plupart. Le 6 juillet, elle avait confondu des villageois en train de fêter un mariage avec... un groupe de rebelles !

Ces exactions se payent. Les observateurs de la situation militaire notent, à côté d'un plus grand professionnalisme des talibans, un élargissement de leur recrutement, au point que trois des quatre routes qui conduisent à la capitale seraient désormais sous leur contrôle.

En clair, la poursuite de l'intervention est en train de faire renaître le régime des talibans que la coalition prétendait supprimer par la force armée, au point que certains partisans de l'intervention sont désormais en train de se demander si l'on n'aurait pas raté l'occasion de nouer un dialogue avec les " talibans modérés ", sans nous expliquer ce que cela peut bien être.

Si la population afghane a besoin d'une aide, c'est pour sortir de la misère, pas pour être considérée a priori suspecte par les forces occidentales qui n'hésitent pas à faire des cartons sur elle, tout en essayant de maintenir un régime dont la corruption est connue de tous. Hors d'Afghanistan, les troupes françaises et toutes les troupes impérialistes !

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