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La Nouvelle-Orléans après le passage du cyclone Katrina et des bulldozers
Alors que le sud des États-Unis, après avoir craint l'arrivée du cyclone Gustav, attend maintenant le passage d'Anna, le bimensuel The Spark (L'Étincelle), publié par des militants trotskystes américains, revient dans le numéro du 25 août dernier sur les conséquences, pour le logement à La Nouvelle-Orléans, du passage catastrophique du cyclone Katrina, il y a trois ans.
Trois ans après que le passage du cyclone Katrina eut brisé les digues de La Nouvelle-Orléans, la ville est en train d'être reconstruite, mais d'une façon toute différente de ce qu'elle était auparavant.
Tandis que la population des secteurs les plus riches de la ville, comme Lakewood, a diminué de 30 % par rapport à ce qu'elle était avant Katrina, celle des secteurs aux plus bas revenus, comme Lower Ninth Ward et Holy Cross, a chuté, elle, de 65 à 89 %. Et surtout, la population noire de la ville a diminué. Le nombre d'habitants âgés a baissé, avec 50 % en moins de travailleurs retraités recevant des aides sociales.
Moins de pauvres, moins de Noirs et moins de travailleurs sont revenus à La Nouvelle-Orléans, car les riches et leurs politiciens ont pris des décisions conscientes pour supprimer les logements, les transports et les écoles nécessaires à leur retour.
Il y a moins de logements abordables disponibles, du fait que la plupart des maisons des secteurs les plus pauvres n'ont pas été reconstruites. Et, face à cette pénurie de logements, le Département du logement et du développement urbain (HUD), qui dépend du gouvernement fédéral, est en train de démolir 4 500 logements du secteur public, en promettant de les remplacer - un jour, dans l'avenir - par des logements locatifs ouvert à tous les revenus, mais inabordables pour la plupart des habitants déplacés. La pénurie de logements devrait s'aggraver, du fait que le FEMA, un organisme gouvernemental qui intervient quand il y a une situation catastrophique, a décidé de se débarrasser des mobile-homes qui servent actuellement de logements, parce qu'ils contiendraient un agent cancérigène, et sans les remplacer.
Les familles dans l'obligation de revenir à La Nouvelle-Orléans sont confrontées à un système scolaire dégradé. Quand les écoles recommencèrent en 2006, plus d'une année après le passage du cyclone, elles avaient trop peu de cars de ramassage et de matériel scolaire, pas de repas chauds, et les installations détruites. Il manquait aussi 106 enseignants.
Depuis lors, les changements dans le système scolaire ont créé une différenciation entre les étudiants des quartiers plus aisés et ceux des quartiers plus pauvres. Les meilleures écoles du système scolaire traditionnel, les plus prisées, pouvant sélectionner les élèves à l'entrée, situées principalement dans les meilleurs quartiers, reprirent leurs activités. Les autres furent rattachées à une nouvelle circonscription scolaire qui a transformé bon nombre de ces écoles en écoles privées. Ceci ne les a pas rendues meilleures qu'avant le passage de Katrina.
Le gouvernement peut n'avoir pas planifié l'inondation dans le but de chasser les habitants noirs et pauvres, mais la classe riche en a certainement profité. En excluant les pauvres et la population noire, ceux-là mêmes à qui la ville doit sa culture et ses traditions, les riches sont en train d'embourgeoiser La Nouvelle-Orléans. Le même phénomène (en France, on parlerait de " boboïsation ") a eu lieu dans chaque grande ville du pays. Le cyclone Katrina et l'inondation qui l'a suivi ont simplement accéléré la vitesse à laquelle cela se produit à la Nouvelle-Orléans.