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- Lutte ouvrière n°2089
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Leur société
Sans-papiers : Piégés dans le centre de rétention qu'ils étaient en train de construire
Le centre de rétention du Mesnil-Amelot est toujours dans l'actualité. Trois sans-papiers viennent d'y être transférés, alors qu'ils travaillaient à l'extension de ce même centre de rétention ! Ils étaient employés par des entreprises sous-traitantes travaillant pour le compte du ministère de la Défense. C'est un organisme privé en charge de la sécurité des lieux qui les a interpellés et a prévenu le commissariat du coin. Les policiers ont conduit les sans-papiers dans le centre de rétention qu'ils construisaient ! Deux d'entre eux ont été entre-temps relâchés, un seul a été gardé au centre.
Cette affaire montre tout ce qu'a d'hypocrite la politique gouvernementale de lutte contre l'immigration clandestine. Le gouvernement sait parfaitement que l'économie ne peut pas se passer de la main-d'oeuvre bon marché clandestine. Les grèves récentes des travailleurs sans papiers l'ont illustré, les sans-papiers sont présents dans de nombreux rouages de l'économie, entre autres dans la restauration, dans la confection comme dans la construction. Et on en trouve aussi sur des chantiers publics travaillant pour l'État, qui n'est pas regardant sur les entreprises sous-traitantes qu'il utilise.
Brice Hortefeux, pris la main dans le sac, se serait certainement bien passé de cette affaire, après ses dernières déclarations. Il avait demandé que Rachida Dati poursuive en justice l'association de sans-papiers qui avait appelé à manifester devant le centre de rétention du Mesnil-Amelot, samedi 2 août. Selon lui, cette association aurait été responsable de l'incendie qui s'était déclaré dans une cellule ! Brice Hortefeux, partisan de la multiplication des centres de rétention, est convaincu aujourd'hui de complicité - directe ou indirecte, peu importe - d'utilisation frauduleuse de main-d'oeuvre non déclarée. Cependant, lui, comme la plupart des patrons exploitant de la main-d'oeuvre au noir, ne sera pas poursuivi. Dommage !