Après onze ans d'enquête, le procureur chargé de l'affaire dite " des frégates de Taïwan " vient de demander aux juges de prononcer un non-lieu. Cette affaire mettait en cause la vente par Thomson en 1991 de six frégates à l'État de Taïwan, pour seize milliards de francs. Une partie de cette énorme somme avait en réalité été utilisée pour payer des commissions cachées à de nombreux intermédiaires, dont des fonctionnaires haut placés de Chine et d'autres de Taïwan. Des responsables de ces réseaux, de Thomson, ainsi que des hommes politiques français ont vraisemblablement profité de l'affaire.

L'enquête, entamée à partir d'une plainte du gouvernement de Taïwan, s'est heurtée à de nombreux obstacles et morts suspectes. Entre autres obstacles, les ministres des Finances successifs (Laurent Fabius en 2001, Francis Mer en 2002, puis Thierry Breton en 2006) ont refusé de lever le secret-défense sur des documents essentiels que réclamaient les juges. Ainsi la justice (si on peut dire !) peut conclure que les diverses commissions cachées et escroqueries ne sont pas " caractérisées " et les responsables sont maintenus dans leur respectabilité.