Le gouvernement a profité du creux du mois d'août, période traditionnellement dévolue aux mauvais coups, pour annoncer des hausses des tarifs du gaz et de l'électricité. La seconde n'ayant strictement rien à voir avec la première, mais les autorités ont sans doute estimé que les deux pilules passeraient mieux ensemble que si elles étaient administrées séparément.

Les arrêtés gouvernementaux devraient être publiés vers le 15 août. On s'attend à 5 % d'augmentation pour le gaz, et pour l'électricité cela devrait être 2 % pour les particuliers, 6 % pour les entreprises moyennes et 8 % pour les grosses.

Comme toujours, c'est la hausse des prix du pétrole, sur lequel le prix d'achat du gaz naturel est plus ou moins indexé, qui est mise en avant pour expliquer la hausse du gaz. Pourtant, malgré ces prétendues hausses des prix des achats, le bilan de Gaz de France, juste avant sa fusion avec le groupe Suez, faisait apparaître d'énormes bénéfices. Et les bénéfices du nouvel ensemble GDF-Suez promettent d'être encore plus conséquents.

GDF-Suez n'a donc nullement besoin d'augmenter les tarifs du gaz pour la population. Cette hausse ne sera bénéfique qu'aux actionnaires. Les contrats d'achat du gaz sont secrets. Que GDF-Suez les rende donc publics et on verra bien qui s'en met plein les poches au détriment des consommateurs ! En tout cas l'action GDF-Suez est en hausse : les actionnaires, eux, ne s'y trompent pas.

En ce qui concerne l'électricité, il n'y a même pas l'ombre d'un prétexte, mais il y a une arnaque.

Lors de l'ouverture du marché et au début de la privatisation, toutes les autorités avaient justifié cette ouverture en prétendant que la concurrence entre producteurs d'électricité allait faire baisser les prix. Seulement les prix n'ont cessé de grimper, et ils continuent !

La hausse des tarifs d'EDF n'a d'autre fonction qu'enrichir cette entreprise, ses actionnaires actuels (dont en premier l'État) et ses actionnaires futurs, en cas d'une ouverture plus grande du capital. La banque Société Générale estime que l'opération en cours pourrait faire gagner 750 millions d'euros supplémentaires à EDF. Au détriment des consommateurs petits et gros.

Ces deux hausses, celle du gaz et celle de l'électricité, sont donc injustifiées. Elles se font avec l'aval du gouvernement, propriétaire très largement majoritaire d'EDF et disposant toujours d'une minorité de blocage au sein de GDF-Suez.

Et pendant que le gouvernement laisse grimper le gaz et l'électricité, il affecte toujours de se lamenter sur la baisse du pouvoir d'achat de la population...