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- Lutte ouvrière n°2089
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Drame de l'amiante - Dunkerque (Nord) : Des responsables mis en examen
L'ancienne médecin du travail du port de Dunkerque entre 1970 et 1995 a été mise en examen par la juge d'instruction du pôle de santé publique de Paris, pour homicides et blessures involontaires et non-assistance à personnes en péril. Quinze veuves de dockers, membres de l'association des professions portuaires CGT du port de Dunkerque pour la défense des victimes de l'amiante (APDA-CGT), avaient déposé plainte.
C'est la seconde fois qu'un médecin du travail est ainsi mis en examen en France. Par le port de Dunkerque transitait la plus grande partie de l'amiante importé du Canada et d'Afrique du Sud. Les dockers qui travaillaient constamment au contact de l'amiante sont très touchés par les cancers qu'il a provoqués. Il est reproché au médecin une insuffisance d'action et des négligences particulièrement graves dans le cadre de sa mission. Mais cela ne diminue pas pour autant les responsabilités des patrons des sociétés de manutention, du port et de l'État dans l'empoisonnement des dockers. Car la nocivité de l'amiante était largement connue depuis le début du 20e siècle.
Deux anciens directeurs des chantiers navals du nord et de la méditerranée (Normed) fermés en 1987 ont été eux aussi mis en examen par la même juge, suite à la plainte de l'Association régionale des victimes de l'amiante (Ardeva). La juge reproche aux anciens directeurs une violation des obligations de sécurité, pour n'avoir pas mis à la disposition des salariés des appareils de ventilation aspirante ou de protection pour les prémunir contre les poussières d'amiante, massivement utilisé comme matériau d'isolation à bord des navires. Ces mêmes directeurs avaient déjà été poursuivis dans une procédure ouverte en 1997, qui s'était terminée en 2004-2005 par un non-lieu. Alors, l'Ardeva et des veuves de salariés décédés à la suite d'exposition à l'amiante avaient organisé des marches toutes les trois semaines à Dunkerque entre novembre 2004 et janvier 2006 pour réclamer justice.
Ces mises en examen montrent que le combat de toutes les victimes obtient des résultats. L'un de leurs buts est toujours que la culpabilité de l'ensemble des responsables de cette catastrophe sanitaire qui fait 3 000 morts par an soit clairement proclamée.