En ce début août, de nombreux travailleurs ont reçu la " facture de régularisation-2007 " d'Electrabel, le principal fournisseur d'électricité et de gaz de Belgique. Et la note est salée.

La " régularisation " consiste normalement en un ajustement de la facture en fonction de la consommation effective, mais en l'occurrence elle se révèle, aux yeux des clients stupéfaits, comme la mise en application des nouveaux tarifs annoncés il y a quelques mois.

Non seulement les retraités et les chômeurs, mais même des couples de travailleurs disposant de deux salaires se retrouvent avec une facture plus élevée que leur revenu mensuel ! Indignés, les travailleurs reçoivent des factures de 800, 1 500, 2 500, plus de 3 000 euros... avec invitation à payer dans les 15 jours, comme il se doit !

L'incrédulité et la colère sont d'autant plus grandes que beaucoup avaient pris des mesures pour diminuer leur consommation : appareils en veilleuse, ampoules économiques, compteurs de nuit, discipline scrupuleuse autour des interrupteurs... pour, en fin de compte, recevoir malgré tout ce coup de bambou sur la tête !

Les porte-parole d'Electrabel ont beau prétendre que " ce n'est pas nous, mais les marchés qui fixent les prix de l'énergie ", ils ne trompent personne, d'autant moins qu'Electrabel produit environ 60 % de son électricité avec des centrales nucléaires amorties depuis longtemps par un surcoût imposé à la population.

Il n'y a pas si longtemps, les politiciens vantaient les vertus de la libéralisation et de la concurrence qui devaient " faire baisser les prix " ! Mais lesdits concurrents, Luminus, Essent, Nuon... se sont empressés de suivre l'exemple d'Electrabel en augmentant eux aussi leurs tarifs, et en plus ils refusent tout arrangement financier avec les clients incapables de régler immédiatement leurs factures et envoient les huissiers. Une pratique d'autant plus choquante que les plus gros actionnaires de Luminus sont des regroupements de communes... à majorité socialiste, dont les élus qui siègent dans les inter-communales touchent des jetons de présence.

Ces factures et pratiques écoeurantes s'ajoutent aux nombreux autres motifs de mécontentement des travailleurs, comme la hausse des prix dans l'alimentation, le carburant, les téléphones...

C'est surtout vis-à-vis du gouvernement, et du monde politique en général, que montent les critiques populaires. C'est entièrement justifié, mais les vrais responsables de ce racket qui accélère encore l'appauvrissement des travailleurs, ce sont les gros actionnaires de Suez, tels le Belge Albert Frère. Ces capitalistes veulent rentabiliser au plus vite le rachat d'Electrabel et en exigent de plantureux dividendes. Et ils s'attendent à être bien servis, puisque le bénéfice de 2006 s'était déjà élevé à 2,14 milliards d'euros ! Voilà ceux à qui il faudrait en priorité aller demander des comptes...