Le 24 juin, lors d'une réunion, la direction du groupe Safran, holding qui chapeaute la Snecma et Sagem ainsi que leurs filiales, a révélé les premiers éléments d'un projet qui risque de bouleverser les conditions de travail et de vie de centaines de salariés. Ainsi qu'elle l'avait déjà fait en de multiples occasions, la direction met aujourd'hui en avant des considérations technologiques.

Il y a dix ans, plusieurs centaines de salariés avaient dû quitter Suresnes dans les Hauts-de-Seine pour rejoindre Villaroche-Réau en Seine-et-Marne. Aux dires de la direction, il fallait alors « rapprocher l'activité de la division Elecma de la fabrication des moteurs ».

Il y a deux ans la direction avait fermé Aircelle Meudon pour envoyer la production au Havre. Aujourd'hui son alibi est le développement du « tout électrique » embarqué à bord des avions.

On ne connaît pas les calculs financiers qui se cachent derrière ces manoeuvres alors que les carnets de commandes sont pleins ! En revanche, les salariés commencent à en appréhender les conséquences pour eux-mêmes : Messier Bugatti à Vélizy se trouverait divisé entre Massy-Palaiseau et Poitiers, 185 salariés de Sagem à Montluçon seraient mutés entre Poitiers et Dijon dans un premier temps. Quant aux 200 intérimaires de ce centre, ils risquent de faire directement les frais de l'opération.

La direction prévoit également le regroupement des activités de réparation des réacteurs d'avions avec la production des neufs, soit la fusion entre Snecma et Snecma Services, ce qui pourrait avoir comme conséquence le déplacement des activités du centre de Saint-Quentin-en-Yvelines à Villaroche en Seine-et-Marne.

Quant aux salariés Hispano Suiza de Réau-Villaroche, ils sont nombreux à avoir déjà fait l'expérience du transfert de Suresnes à Villaroche. Leur centre est menacé d'être coupé en trois : 400 salariés seraient mutés à Sagem Massy, environ autant réintégreraient la Snecma tandis qu'une troisième petite entité « Safran Power » serait créée à Villaroche.

Telles sont pour l'instant les grandes lignes du projet de la direction. Elle compte aller vite en besogne et mettre à profit la période des congés pour multiplier les réunions afin de pouvoir au plus tôt passer à l'acte.

Elle devrait annoncer également dans quelques jours l'abandon de tout le secteur de la téléphonie mobile Sagem, jugé pas assez rentable.

C'est méconnaître les capacités de réaction des salariés qui commencent à réagir. Ainsi à Hispano Réau, un débrayage spontané a eu lieu pendant que se tenait une réunion du CE et une cinquantaine de salariés ont envahi la réunion. Le lendemain, à l'initiative des syndicats, une réunion d'information a eu lieu, et les 250 participants bien décidés à ne pas laisser les mains libres à la direction ont décidé de se retrouver dès le retour des vacances.