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- Lutte ouvrière n°2086
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Leur société
Fichier Edvige : Du berceau à la tombe, tous fichés !
Suite à la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), fusion de la DST et des Renseignements Généraux (RG), le gouvernement vient d'adopter un décret autorisant la mise en service d'un nouveau fichier de renseignements, dénommé Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale). Il est destiné à centraliser et à analyser « les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique, ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Il compte aussi exploiter « les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ». Rien de bien neuf donc dans la République des « droits de l'Homme », dont les traditions en matière de fichage policier remontent à Napoléon 1er et qui s'est toujours octroyé, lorsqu'elle l'estimait nécessaire, le droit de réprimer les manifestations et les grèves, sous couvert de protection de l'ordre public.
Edvige présente cependant quelques nouveautés. En effet, jusque-là, les données des RG ne concernaient que les personnes majeures. Désormais, Edvige autorise le fichage des mineurs dès l'âge de 13 ans, s'ils sont considérés comme étant « susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ».
La Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dénonce à juste titre le fait qu'il ne s'agit plus de ficher les auteurs d'infractions constatées mais de « cibler ceux que l'on étiquette par avance comme de futurs délinquants hypothétiques ». Et la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) a émis des réserves.
Le ministère de l'Intérieur assure que les données contenues dans le fichier Edvige ne pourront faire l'objet d'« aucune interconnexion, aucun rapprochement ni aucune forme de mise en relation avec d'autres traitements ou fichiers ». Il prétend que le fichage d'enfants de 13 ans permettra de faire face à « la délinquance juvénile », notamment dans les « phénomènes de violence urbaine », faisant valoir que l'âge de 13 ans correspond à celui de la responsabilité pénale.
Le fichier Edvige enrichit un arsenal répressif de plus en plus étendu, alors que l'on peut douter de son utilité.