Les reculs sur le temps de travail : Le gouvernement français prend prétexte de l'Europe pour attaquer ses propres travailleurs17/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2085.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les reculs sur le temps de travail : Le gouvernement français prend prétexte de l'Europe pour attaquer ses propres travailleurs

En même temps que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, faisait adopter le texte qui vide de leur contenu les lois réglementant la durée du travail en France, il bataillait à Bruxelles pour que le Conseil des ministres du Travail européen adopte une directive allant encore plus loin en ce sens.

La Cour de justice européenne a, entre autres, le pouvoir de fixer les règles sociales que tous les États ont l'obligation d'appliquer. Celle-ci, saisie en 2005 par un salarié français, avait déclaré illégal un décret pris par le gouvernement Jospin en 2001 qui refusait de considérer les astreintes ou temps de garde comme temps de travail normal. Depuis 2005, les gouvernements les plus réactionnaires réclamaient en vain une directive qui supprime cette règle fixée par la Cour de justice et demandaient parallèlement l'extension de la durée du travail au-delà des 48 heures, qui sont la limite, très théorique, de la durée maximale du travail dans les pays de la communauté européenne.

Xavier Bertrand vient de leur donner satisfaction, alors que jusqu'à présent la France le refusait.

En effet, si la nouvelle directive rappelle que le maximum hebdomadaire de durée du travail est en principe de 48 heures par semaine en moyenne sur une année, elle officialise des dérogations, sous certaines conditions, qui autorisent à faire jusqu'à 60 heures par semaine en moyenne sur trois mois, ce qui permet d'aller exceptionnellement jusqu'à 78 heures par semaine comme le notent les syndicats européens. Ces 60 heures peuvent être portées à 65 heures s'il y a des astreintes qui, elles, ne sont plus considérées comme temps de travail.

La Confédération Européenne des Syndicats a protesté en appelant le Parlement européen (qui doit être consulté avant que la nouvelle directive entre en application) à la rejeter, en déclarant : « La directive révisée sera la première directive sociale à introduire une régression au niveau de la protection offerte (aux salariés) ». Même les représentants officiels des gouvernements opposés à cette manoeuvre - l'Espagne, la Belgique, la Grèce, la Hongrie et Chypre - ont protesté contre ce que certains ont qualifié de « marche en arrière », en faisant remarquer que « les dérogations au dépassement de la durée maximum de 48 heures par semaine ne sont même plus limitées dans le temps ».

Dans son offensive antiouvrière le gouvernement Fillon-Sarkozy se sert de l'Europe pour préparer ses prochaines attaques ici-même. Mais rien n'est réglé pour autant. Car même si cette nouvelle directive est adoptée, tout dépendra des réactions des travailleurs quand il s'agira de la mettre en oeuvre.

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