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Centrale nucléaire du Tricastin : Peu réactifs mais radioactifs
C'est le mardi 8 juillet au matin que l'on s'est rendu compte que plusieurs mètres cube d'eau contenant de l'uranium se sont écoulés dans le sol, à proximité de la centrale nucléaire du Tricastin, le long du Rhône.
Une cuve qui récupère les déchets avait débordé. L'alarme s'était bien déclenchée la veille, à 19 heures, mais les techniciens sur place ou plus certainement leur encadrement avaient préféré croire que l'alarme... était défaillante.
Au pied de la cuve, il y a un bac de rétention censé récupérer tout déversement accidentel des cuves. Seulement ce bac avait été endommagé une semaine auparavant par un engin de chantier et n'avait pas été réparé. Ce n'est qu'à 22 heures qu'a été constatée la fuite de ce bac. Mais l'alerte n'a toujours pas été donnée. Il a fallu d'abord faire venir un chef, puis chercher à comprendre d'où venait la fuite. En fin de compte, ce n'est que le lendemain à 6 h 30 que le plan d'urgence interne a été déclenché et il s'est écoulé encore une heure avant que l'entreprise prévienne la Préfecture et l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire).
Quant à la Mairie et à la population, ce n'est qu'en début d'après-midi qu'elles ont été informées de l'incident et que la Préfecture a décidé d'interdire l'irrigation, la pêche, la baignade et la consommation d'eau dans les communes environnantes.
Bien que cette pollution radioactive ait été considérée comme brève et finalement peu importante, l'ASN, à la suite d'une inspection, a imposé la fermeture partielle des installations de la Socatri, l'entreprise qui traite les rejets d'eaux chargées d'uranium en provenance du Tricastin.
C'est cette même Autorité de sûreté nucléaire qui, il y a peu de temps, a exigé, pour une durée d'un mois, l'arrêt du chantier de construction du futur réacteur nucléaire de « troisième génération » l'EPR, à Flamanville, parce qu'il y avait des défauts dans la plate-forme de béton qui doit soutenir l'ensemble.
Dans le nucléaire comme partout ailleurs, on travaille vite, vite et souvent mal puisque l'objectif premier des directions est la recherche du profit. Cela entraîne aussi le recours systématique à la sous-traitance, qui atteint 90 % dans l'entretien des centrales nucléaires. Prendre le temps de former le personnel, afin qu'il soit parfaitement au fait de toutes les mesures de sécurité, pour protéger les installations tout en se protégeant lui-même ne fait pas partie du cahier des charges de ces sociétés sous-traitantes.
La Socatri, impliquée dans l'affaire du Tricastin, est une filiale à 100 % d'Areva, qui se prétend le fleuron du nucléaire français et dont la vocation n'est pas seulement de produire de l'énergie grâce au nucléaire mais de faire du profit avec le nucléaire. Et cela fait toute la différence.