Transports ferrés en Ile-de-France : Aujourd'hui comme hier, l'État abandonne les usagers05/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2079.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Transports ferrés en Ile-de-France : Aujourd'hui comme hier, l'État abandonne les usagers

En déplacement à Orléans, Sarkozy a mis en cause ce qu'il considérait comme l'incurie de la région Ile-de-France, face aux attentes des usagers des lignes du RER. Et de déclarer : " Je prendrai des initiatives fortes, y compris en région parisienne. Je ne laisserai pas les passagers otages de situations inacceptables, de lignes RER vétustes, où chaque jour un million de passagers s'entassent... " " Si l'État doit prendre la main, il la reprendra ". Le tout pour annoncer quelques centaines de millions d'investissements à venir, d'ailleurs même pas pris sur les caisses de l'État.

Le président socialiste de la région parisienne, Huchon, a eu beau jeu de rappeler que l'État s'était totalement désengagé, " depuis des dizaines d'années ", de ses obligations pour assurer la modernisation et le développement nécessaire des transports ferrés. Il a rappelé que les besoins se chiffraient en milliards, que les régions devaient en supporter seules la charge financière considérable.

Il est indéniable que le RER de la région parisienne, comme tout le réseau ferré que doivent emprunter les salariés, en Ile-de-France comme en province, est maintenant largement en dessous des besoins. L'urbanisation laissée à l'appétit des seuls promoteurs immobiliers a obligé les salariés à s'exiler souvent à des dizaines de kilomètres de leur lieu de travail. Avec l'explosion des prix de l'immobilier ces dernières années, le phénomène s'est encore aggravé. On habite là où on peut payer, et non pas là où l'on aurait besoin d'habiter. Des millions de salariés sont obligés ainsi de passer des heures dans les transports en commun, dont une bonne partie dans le train.

Or de même que les gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé, n'ont rien fait pour combattre l'urbanisation anarchique, de même, soucieux de piller les finances publiques au profit du patronat, ils ont laissé à l'abandon les réseaux ferrés. C'est d'ailleurs le gouvernement Jospin, l'ami d'Huchon, qui avait officialisé cet abandon de l'État, en confiant une grande partie de ses prérogatives aux régions.

Les seuls projets de mise en service de nouvelles lignes, intervenant après des années de palabres, concernent essentiellement le réaménagement de lignes anciennes existantes. Ainsi la " tangentielle nord " qui doit relier Sartrouville à Noisy-le-Sec en 2012 et qui utilise très largement les infrastructures de la " grande ceinture ". Projet rendu possible comme le dit RFF, l'organisme qui gère les voies ferrées, " parce qu'il n'y avait que 200 hectares à récupérer ". Tous les autres projets sont en attente depuis des années. Il en va ainsi de la construction de neuf kilomètres pour relier Villiers-le-Bel et la ligne D du RER à Roissy, comme du désengorgement de la Gare du Nord en dérivant le trafic sur la Gare de l'Est. Tous ces projets ficelés seraient prêts à servir à la seule petite condition que...le financement en soit assuré.

Mais justement l'État ne veut en aucun cas payer pour rendre la vie de millions d'usagers ne serait-ce qu'un peu moins mauvaise. Et il n'y a que les bavardages de Sarkozy qui ne coûtent rien.

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