Depuis le mardi 20 mai, dans le 16e arrondissement, une vingtaine de jeunes travailleurs sans papiers sont en grève pour leur régularisation, occupant une partie du restaurant La Gare dans lequel ils travaillent.

Une banderole et des drapeaux rouges de la CGT décorent les lieux et chaque jour les grévistes distribuent des tracts devant le restaurant et font signer une pétition de soutien. C'est un spectacle plutôt inhabituel dans ce quartier de Paris où est concentré le plus grand nombre d'assujettis à l'impôt sur la fortune.

Les grévistes sont plongeurs, barmans ou commis de salle, tous embauchés en contrat à durée indéterminée et pour certains depuis sept ans. Ils paient des impôts sur le revenu et des cotisations sociales, mais ils n'ont pas de papiers.

Même dans ce quartier très bourgeois où il y a de l'indifférence, voire de l'hostilité à leur mouvement, les grévistes reçoivent des témoignages de sympathie de la part d'autres travailleurs du quartier ou de gens choqués par le mépris du gouvernement à l'égard de ces salariés qui ont souvent un travail dur mais sont privés de droits et corvéables à merci. Quant à la cinquantaine d'autres salariés du restaurant, la plupart manifestent leur solidarité à l'égard des grévistes.

Le restaurant reste ouvert mais le patron se plaint de ce que cette grève lui fasse perdre 10 000 euros par jour. Combien en gagne-t-il en temps normal, quand plus de 600 couverts sont servis ?

À ce jour, sur les vingt dossiers de demande de régularisation déposés en préfecture, seuls cinq travailleurs ont été convoqués pour l'obtention d'une carte de séjour provisoire. C'est tout de même un recul, et un encouragement à continuer la grève pour obtenir des papiers pour tous.