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- Lutte ouvrière n°2079
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Leur société
Manifestons le 17 juin : Horaires au gré des patrons, non !
À peine Sarkozy avait-il affirmé " qu'il n'était pas question de remettre en cause la durée légale du travail à 35 heures " que son ministre Xavier Bertrand, présentait un projet de loi, à adopter en urgence courant juin, qui vise à déréglementer encore plus la législation sur la durée du temps de travail. On peut bien laisser une référence, toute théorique, à une durée légale de 35 heures par semaine, tout en la rendant sans effet.
Cela apparaît d'autant plus comme une provocation que le 17 avril les deux plus importantes confédération syndicales, la CGT et la CFDT, avaient signé avec les représentants du patronat un compromis où elles donnaient leur accord sur le principe de dépasser les contingents d'heures supplémentaires fixés par la loi et les accords en cours. S'asseyant carrément sur ce compromis, le gouvernement voudrait maintenant aller bien plus loin, suivant l'expression même de Xavier Bertrand.
Ainsi, les patrons se verraient offrir la possibilité de transformer individuellement le contrat de travail de tous leurs salariés, du cadre au manoeuvre, en un contrat basé sur un forfait horaire hebdomadaire, mensuel ou annuel. Cela veut dire que le salarié pourrait travailler bien au-delà de 35 heures par semaine, sans que celui-ci ait à lui payer la moindre heure supplémentaire. Par ailleurs les cadres voient la limite annuelle maximum actuelle de 218 jours travaillés supprimée ; les patrons auraient la possibilité de moduler à leur guise, pratiquement sans aucun délai de prévenance, les horaires et la durée du travail de leurs salariés.
La ritournelle de Sarkozy, répétant jusqu'à plus soif qu'il voulait offrir à tous la possibilité " de travailler plus pour gagner plus ", apparaît pour ce qu'elle était : une sinistre farce qui débouche aujourd'hui sur l'opportunité offerte aux employeurs de ne plus payer les heures supplémentaires tout en en augmentant le nombre autorisé.
Par ses luttes, le monde ouvrier avait arraché en 1919 la limitation de la journée de travail à 8 heures. En 1936 le principe des garanties collectives avait été imposé, en particulier en fixant pour tous la durée du travail à 40 heures par semaine. De fait, au travers de cette loi, on voudrait livrer chaque salarié au seul arbitraire de son patron, libre de décider ce qu'il veut, sans avoir à tenir compte de droits collectifs.
Malheureusement l'attitude des dirigeants des confédérations syndicales, acceptant de prendre en compte les demandes patronales, n'a pu qu'encourager le gouvernement à aller plus loin, en les méprisant ouvertement. Mais les coups sont d'abord et avant tout dirigés contre tous les salariés. C'est à eux que le gouvernement a déclaré la guerre pour servir les grands patrons.
Placées face à ce projet de loi, la CGT et la CFDT auxquelles se sont joints la FSU et Solidaires ont appelé à une journée d'actions, le 17 juin, " pour la défense des retraites et contre la dérégulation du temps de travail ". Plus la démonstration sera forte et puissante ce jour là, plus cela sera de nature à redonner confiance à des millions de travailleurs dans la possibilité d'une riposte collective, et plus cela mettra les travailleurs en position de rendre les coups au patronat et au gouvernement.