Loi sur les grandes surfaces05/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2079.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur les grandes surfaces

Une inflation de promesses qui se dégonflent déjà

Les députés examinent le projet de loi en faveur de la grande distribution, grâce auquel celle-ci pourra implanter de nouvelles surfaces commerciales et négocier sans restriction les prix avec ses fournisseurs. Le gouvernement prétend que cette loi sera favorable aux consommateurs en amenant, explique-t-il, une concurrence accrue dans la distribution.

En décembre dernier, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, avait déjà vanté les mérites du projet de loi. Elle avait alors chiffré à pas moins de 600 euros sur un an l'économie qui pourrait être réalisée par le consommateur ! Le 25 mai, le secrétaire d'État à la consommation, Luc Chatel, a nettement revu la promesse à la baisse, déclarant que " selon les estimations du ministère de l'Économie, l'inflation pourrait baisser de 1,6 point sur trois ans, soit environ 0,5 point par an ". Cela représenterait seulement 5 euros pour un achat de 1 000 euros dans un supermarché, résultat invérifiable et de toute façon dérisoire par rapport à la valse actuelle des étiquettes.

Le gouvernement vante aussi les mérites de cette loi en prenant l'exemple de l' Allemagne où des magasins " hard discount " comme Lidl et Aldi sont nombreux. " Les prix ont davantage augmenté en France que dans la plupart des autres pays européens. Pourquoi un Français paierait-il plus cher le même produit dans une grande surface qu'un Allemand ? ", a déclaré Sarkozy il y a quelques semaines. Volant à son secours, Luc Chatel s'était alors rendu dans un supermarché en Allemagne pour constater que les prix y étaient nettement inférieurs. En fait, les produits, en petit nombre, avaient été complaisamment sélectionnés pour servir à la démonstration de Sarkozy.

Mais voilà qu'un récent reportage a montré que si certains produits sont effectivement moins chers, d'autres ont des prix plus élevés. Et au total, la comparaison ne penche pas toujours dans le même sens. Même Christine Lagarde a confirmé, prenant ses distances par rapport à Sarkozy et citant les conclusions d'une enquête de l'Union européenne portant sur 500 produits. Et de constater que " sur certains produits de son industrie alimentaire, la France est plus chère que l'Allemagne s'agissant du lait, du fromage, des oeufs, des huiles, des graisses et des viandes, et en revanche l'Allemagne est plus chère que la France pour tout ce qui est pain, céréales, poissons et fruits et légumes ".

La discussion parlementaire sur le projet du gouvernement ne fait que commencer mais les promesses de baisse de prix ainsi que le remède miracle que constituerait le " hard discount " ont déjà du plomb dans l'aile. Il ne reste plus que les petites querelles de l'UMP autour d'un projet qui, de toutes façons, ne pourra pas remplacer une hausse des salaires et des retraites.

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