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- Lutte ouvrière n°2079
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Editorial
Gazole, alimentation... Pour ne pas subir les hausses de prix, échelle mobile des salaires !
La mobilisation des pêcheurs contre la hausse des prix des carburants marque peut-être le pas en France mais le Portugal, l'Espagne, la Grèce ont pris le relais. Et ici même, en France, c'est au tour des agriculteurs et des camionneurs de se mobiliser. Les chauffeurs de taxi menacent d'en faire autant. Tous ces métiers sont lourdement frappés par la hausse explosive des prix du gazole et de l'essence.
C'est aussi une atteinte grave au pouvoir d'achat des salariés. D'autant qu'il ne s'agit pas seulement du renchérissement des déplacements, car la hausse concerne aussi le fioul domestique et le gaz, et que tout cela s'ajoute à l'augmentation des prix d'un grand nombre de produits alimentaires.
La raison fondamentale de ces hausses de prix n'a rien de mystérieux, même si politiciens et médias s'ingénient à inventer des boucs-émissaires. Les prix des produits pétroliers se sont mis à augmenter au départ pour une raison bien simple. Les groupes pétroliers ne veulent pas investir dans la construction et la modernisation de raffineries en fonction des besoins, ni dans la recherche de nouvelles sources d'énergie capables de relayer le pétrole. Leur stratégie est de profiter de leur position de monopole pour imposer des prix qui leur rapportent plus de profit sans avoir à investir pour produire plus.
La stratégie est payante pour leurs actionnaires puisque les groupes pétroliers arrivent en tête dans la course au profit. Peu leur importe que cette stratégie transforme le carburant en produit de luxe, écartant nombre de consommateurs des classes populaires. Peu leur importe que les entreprises elles-mêmes, l'ensemble de l'économie capitaliste, finissent par subir le contre-coup des hausses du pétrole. " Les capitalistes sont prêts à vendre la corde pour les pendre ", disait un grand révolutionnaire russe. À plus forte raison si la corde en étrangle d'autres qu'eux-mêmes...
La perspective d'une hausse continue des prix a attiré vers le pétrole d'autres prédateurs. Pensez donc ! Vu que les prix ont plus que doublé en une année, ceux qui ont acheté sur papier des stocks importants il y a un an ont fait des profits fabuleux. La hausse du prix du pétrole attire les spéculateurs et la spéculation aggrave la hausse. Voilà le noeud coulant qui étrangle l'économie.
Cette opération de brigandage à l'échelle planétaire conduite par les trusts bénéficie de la complicité des États, qui ajoutent leurs propres prélèvements sur les produits pétroliers. Sarkozy fait mine de se préoccuper du problème en faisant des propositions dont il sait que les autorités de l'Union européenne ne les accepteront pas, histoire de pouvoir dire que, s'il ne fait rien, c'est la faute à Bruxelles. Ce qui est un mensonge, car Bruxelles n'est que l'émanation des différents gouvernements nationaux et, en outre, certaines taxes, comme la TIPP, sont du ressort du gouvernement français.
Les catégories professionnelles qui sont à la pointe de la protestation, les routiers après les pêcheurs, mêlent des patrons menacés de faillite et leurs salariés. Les objectifs mis en avant consistent en mesures de sauvegarde, subventions ou soutiens de l'État limitant les dégâts pour la profession concernée. Ils ne contestent pas la course au profit des grands trusts responsables des hausses. Ceux-ci agissent comme voudraient agir tous les capitalistes, à ceci près qu'eux ont les moyens d'imposer leur volonté.
Le système capitaliste et les hommes politiques à son service n'ont aucun moyen de réguler ou de " moraliser " le comportement des grands groupes. Seule leur expropriation ouvrira une issue à la société. Cela signifie s'attaquer à l'ensemble du système capitaliste et à la loi du profit. Tôt ou tard, la société devra en passer par là.
Mais, d'ici là, il faut se défendre. Pour les salariés, la seule façon de préserver leur pouvoir d'achat face aux hausses de prix, celles du pétrole comme celles imposées par les trusts de l'agro-alimentaire et de la grande distribution, est d'imposer l'échelle mobile des salaires, leur indexation automatique sur les prix.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 juin