Déficit des hôpitaux publics ? Non ! Détournement de l'argent public !05/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2079.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Déficit des hôpitaux publics ? Non ! Détournement de l'argent public !

37 millions d'euros de déficit pour le CHU de Nice, 33 millions pour celui de Nantes, 15 millions pour Rouen... En 2007, sur les 31 Centres Hospitaliers Universitaires, 29 sont dans le rouge ! Et il en va de même pour l'ensemble des hôpitaux publics dont on nous dit qu'ils " frôlent la faillite ".

La " misère des hôpitaux " est une affection récurrente qui sévit depuis des décennies. Elle a encore été aggravée, depuis 2004, par la tarification à l'activité qui a remplacé la dotation budgétaire globale des hôpitaux. L'objectif des gouvernements qui l'ont mise en place ? La mise en concurrence de ces établissements publics avec les cliniques privées. Les soins doivent être considérés comme n'importe quelle autre marchandise et leur production doit être... rentable !

Sauf que si les cliniques privées sont les championnes des traitements simples, courts et rémunérateurs, c'est à l'hôpital public qu'on traite les réanimations les plus longues, les pathologies les plus lourdes. Sauf que, quand on entre à la clinique, les radios, les analyses et autres examens complémentaires sont pratiqués avant, à l'extérieur, alors qu'à l'hôpital public, ils sont faits sur place. Sauf que les coûts hospitaliers comprennent les salaires des médecins alors que les honoraires des praticiens du privé n'en font pas partie. Et puis l'hôpital public assure la formation des médecins, la permanence des soins 24h/24. Il y faut en permanence - en fait, il y faudrait - des lits vides pour faire face aux épidémies éventuelles, aux canicules mais, vides, ces lits ne sont pas financés. Etc, etc.

Non, l'hôpital public ne peut pas être géré comme n'importe quelle autre entreprise commerciale et assurer la qualité des soins pour toute la population ! La concurrence qu'impose le gouvernement entre public et privé ne vise qu'à l'enrichissement du secteur privé d'un côté et ne peut qu'aboutir à la misère grandissante du secteur public de l'autre. La plupart des cliniques privées appartiennent à des grands groupes capitalistes, telle la Générale de Santé (elle en possède près de deux cents !) dont les actionnaires exigent des taux de profits identiques à ceux de l'industrie pétrolière ou alimentaire. De l'autre côté, dans le public, on mégote sur tout : les médicaments, les équipements, les rénovations, les salaires...

Mais pour le public, comme pour le privé, c'est la Sécurité sociale qui paye, c'est à elle que les établissements - publics mais aussi privés - envoient la note pour les soins, et les interventions. Et c'est finalement elle qui assure la richesse des grands groupes privés possesseurs d'établissements de soins. Les hôpitaux publics ne sont pas " en déficit ", ils sont victimes du détournement de l'argent public vers ce secteur privé. Quant au prétendu " trou " de la Sécurité sociale, il n'a rien à voir avec une consommation excessive de soins. Il n'est lié qu'à un déficit de rentrées, au chômage qui entraîne un manque à gagner de cotisations sociales et aux exonérations de cotisations patronales.

Et puis, il est aberrant de vouloir imposer la " rentabilité " du secteur public de soins. L'allongement de l'espérance de vie, les progrès médicaux, toutes les avancées thérapeutiques sont une chance et une richesse pour la société. L'argent public devrait servir à les financer pour le mieux-être de tous, au lieu d'engraisser quelques-uns. Mais, pour cela, il faudrait un État réellement au service de toute la population !

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