Collision d'Allinges : Une catastrophe annoncée par l'incurie des pouvoirs publics05/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2079.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Collision d'Allinges : Une catastrophe annoncée par l'incurie des pouvoirs publics

Sept collégiens sont morts et vingt-trois ont été blessés, dont certains gravement, dans la collision entre un train régional et un car scolaire sur le passage à niveau d'Allinges en Haute-Savoie. Et maintenant, c'est le défilé des ministres des Transports et de l'Intérieur ainsi que de Fillon et de Sarkozy, pour pleurer sur les victimes des larmes de crocodile sans aucune honte.

Ce sont pourtant eux, ces responsables au gouvernement, avec ceux des entreprises publiques SNCF et Réseau Ferré de France (RFF), dont ils ont la tutelle, qui laissent subsister des passages à niveau dangereux sur des trajets empruntés quotidiennement par des camions, des cars, des automobiles, des usagers de toute sorte.

Périodiquement, des accidents mortels ont lieu sur des passages à niveau que, périodiquement aussi, ces mêmes autorités déclarent en passe d'être supprimés. Mais à quel rythme : une quarantaine par an !

À l'heure actuelle, il reste un peu plus de 19 000 passages à niveau, dont 340 sont toujours classés " préoccupants ", c'est-à-dire devant être " supprimés en priorité " comme disaient les dirigeants de RFF en juillet 2007, au lendemain de deux accidents du même type ayant fait quatre morts. Chaque année, le nombre de victimes de croisements dangereux entre route et rail s'élève à une quarantaine. Mais au lendemain de cette collision d'Allinges François Fillon, après avoir admis " qu'il va falloir accélérer la suppression des passages à niveau ", n'a rien trouvé de mieux que d'expliquer combien la suppression des passages à niveau " est un problème difficile, de longue haleine, compte tenu du nombre, du coût, des responsabilités des différents niveaux, l'État et les collectivités locales ". Où est alors la priorité et à quoi servent-ils, ces gens-là, s'ils ne sont même pas capables de résoudre le problème, entièrement du ressort des pouvoirs publics, posé par quelque 300 passages à niveau sur l'ensemble du territoire ? Même le " coût " évoqué par Fillon est un prétexte insupportable pour ne rien faire : le coût de l'aménagement ou de la suppression d'un passage à niveau dangereux était estimé par RFF en juillet dernier entre 4 et 11 millions d'euros. Mais il faut croire que la vie des usagers de la route et des trains, ou celle des riverains, ne mérite pas cette dépense, qu'il faut rapprocher des milliards gaspillés par les gouvernants, alors que seuls quelque 60 millions d'euros sont investis chaque année pour supprimer ou aménager des passages à niveau.

En poursuivant à pas de tortue la résorption des passages dangereux, les responsables de la SNCF, de RFF, des services gouvernementaux en charge des routes et de l'aménagement du territoire, comme tout le gouvernement, prennent délibérément le risque d'autres catastrophes.

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