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- Lutte ouvrière n°2075
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Leur société
Livret A : Où sont les véritables fraudeurs ?
" Bercy lance la chasse aux fraudeurs du livret A " a titré Le Figaro-Placements qui, comme toute la presse, a repris le " scoop " du ministère de l'Économie : il y a 45 millions de livrets A (des Caisses d'Épargne ou de la Banque postale) et de livrets Bleus (du Crédit mutuel) pour 37 millions de détenteurs identifiés. Et le ministère d'annoncer des contrôles accrus puisque, la loi n'autorisant qu'un livret par personne, il y aurait 8 millions de livrets en infraction. De là à laisser croire qu'il y aurait 8 millions de fraudeurs...
Or, la limitation à un livret par personne ne concerne pas les livrets ouverts avant 1979. De plus, bien des gens ont oublié qu'enfant, on leur avait offert un livret. Et combien ignorent avoir hérité un livret d'un proche décédé ? Si infraction il y a, elle est souvent de bonne foi.
Et si l'on ajoute à cela les associations et sociétés d'HLM, non comptabilisées comme personnes physiques détentrices d'un livret, mais autorisées à en avoir un, que reste-t-il de la fraude ? Et si elle est sans doute bien moindre que certains ne veulent le faire croire, on a comme l'impression que l'évoquer sert surtout à détourner l'attention du cadeau, lui bien réel, que le gouvernement a fait aux banques privées, en les autorisant à distribuer, à partir du 1er janvier 2009, les livrets A. Tout en remplissant un peu plus les coffres des banques, cela tarira d'autant le financement, déjà en berne, du logement social car, si jusqu'alors les dépôts des livrets A et Bleus devaient alimenter la construction des HLM, cette obligation va disparaître.
Et puis, à qui le gouvernement espère-t-il faire croire qu'un livret plafonné à 15 300 euros affichant 3,50 % d'intérêt net d'impôt serait un placement si mirobolant qu'il susciterait des vocations de rentier fraudeur ? Ce sont les familles modestes qui forment l'immense majorité des titulaires de livrets A, et ce ne sont pas des fortunes, qu'elles n'ont pas de toute façon, qu'elles pourraient y laisser.
En revanche, planquer de grosses, voire très grosses sommes, non déclarées au fisc, sur des comptes autrement plus rémunérateurs qu'un livret A ou Bleu, dans un paradis fiscal, les riches ne s'en privent pas. Mais, là, n'allez pas parler de fraude, ni de contrôle renforcé.