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- Lutte ouvrière n°2070
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Leur société
Manifestation des handicapés : On ne peut pas vivre avec 628 euros par mois !
La manifestation des handicapés, samedi 29 mars à l'appel du collectif " ni pauvres ni soumis " a rassemblé près de 30 000 personnes, selon les organisateurs, venues de toute la France pour protester contre la situation faite aux handicapés.
810 000 d'entre eux touchent une allocation adulte handicapé (AAH) de 628,10 euros par mois accordée à ceux qui sont dans l'incapacité de travailler. Elle n'avait été augmentée en janvier que de 1,1 %, comme le minimum vieillesse, mais le 25 mars, à l'approche de la manifestation, Sarkozy avait annoncé un petit coup de pouce de 31 euros, réaffirmant sa promesse électorale d'augmenter cette allocation de 25 % en cinq ans. Mais à ce rythme, en 2012 un handicapé ne toucherait que... 785 euros soit moins que le seuil de pauvreté actuel (817 euros). Avec si peu, on ne peut que " survivre ", d'autant plus que les handicapés, comme n'importe quel salarié, payent les franchises médicales et font les frais de la hausse brutale du coût de la vie.
Pancartes à l'appui, sur lesquelles on pouvait lire " Handicap, maladie = pauvreté " ou encore " 628 euros par mois, pouvoir d'achat, pouvoir de rien ", les manifestants ont réclamé la création d'un " revenu d'existence " d'un montant égal au smic brut soit 1 280 euros. Ils ont aussi demandé que cette allocation ne dépende plus des revenus d'un conjoint. En effet un handicapé, en se mariant, peut perdre tout ou partie de son allocation, la loi prenant en compte les revenus du ménage, alors que, bien sûr, le handicap ne disparaît pas ni les dépenses qu'il occasionne.
Quant aux 900 000 handicapés capables de travailler, leur situation est tout aussi difficile. D'après Sarkozy lui-même, près d'un sur cinq est au chômage (17 %), soit le double de la moyenne nationale officielle. Il existe bien depuis 1987 une loi censée contraindre les patrons d'entreprises de plus de 20 salariés à embaucher au moins 6 % de travailleurs handicapés. Mais celle loi est peu respectée et les patrons préfèrent encore verser une contribution prévue par la loi, pour se substituer à ces embauches, plutôt que de s'encombrer de travailleurs pour lesquels il faut aménager des bureaux, des postes de travail ou encore des moyens d'accès dans l'entreprise.
Après le succès de la manifestation du 29 mars, Xavier Bertrand dit avoir compris " l'attente légitime " des handicapés, dont il a reçu les représentants le mardi 1er avril. Il a annoncé la tenue par Sarkozy d'une conférence nationale le 10 juin sur le thème de l'emploi des handicapés. Mais rien ne dit que les handicapés se satisferont des promesses gouvernementales.